Les femmes et Hollywood en 2018
Avec
Lisa Nishimura, Lilly Singh, Kathryn Newton, Karen Gillan & Marielle Heller

Lumière sur notre troisième palmarès annuel consacré à l’avancée des femmes à Hollywood – des actrices ayant livré une première impression indélébile aux réalisatrices émergentes dont les films enthousiasment l’industrie toute entière, en passant par les directrices exécutives à l’avant-garde qui prennent les décisions qui façonnent ce qu’on regarde et comment on le regarde. Par LINDSAY KINDELON.
KATHRYN NEWTON
Avec un florilège d’interprétations l’année dernière dans Big Little Lies, Lady Bird et 3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance, l’originaire de L.A. de 21 ans Kathryn Newton a attiré l’attention du public comme des directeurs de casting. Cette année, son étoile continue de briller avec son interprétation du rôle principal dans la comédie adolescente, encensée par la critique, Contrôle Parental,et le drame à venir prochainement Ben is Back, aux côtés de Julia Roberts.
Si vous pouviez travailler avec un talent du cinéma en particulier, qui choisiriez-vous ?
J’aurais bien dit Meryl Streep, mais je vais maintenant pouvoir travailler avec elle dans Big Little Lies saison deux.
Quel a été votre moment le plus hollywoodien jusqu’ici ?
Entre autres, quand on est allés au festival du film de Londres pour 3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance et que Frances McDormand a organisé un dîner pour nous tous, avant l’avant-première. C’était dans un tout petit bistro français, à l’extérieur de Londres, avec toute la distribution, et je me suis dit : « C’est le truc le plus cool de la terre, personne ne sait où on est, ces gens-là font partie des plus grandes stars d’Hollywood, et on mange de la pizza. »
Quelle femme a joué un rôle déterminant dans votre carrière ?
Reese Witherspoon. Elle a fait de moi une meilleure actrice. Je me souviens de la première table ronde de lectures pour Big Little Lies : à la fin, au lieu de partir, elle a déjeuné avec moi et on a parlé de fac, de sa fille et de Coachella.
Comment compareriez-vous Julia Roberts (Ben is Back) et Reese Witherspoon (Big Little Lies) dans le rôle de maman à l’écran ?
Elles sont toutes les deux géniales. Avant que le tournage de Ben is Back ne commence, Julia nous a tous invités chez elle pour faire des répétitions – oui, pour qu’on puisse répéter, mais aussi pour la voir elle en tant que maman et personne à part entière. Je l’ai vue avec ses enfants, on est juste restées assises à parler puis on est allées surfer. Comme ça, on s’est mises à l’aise en présence de l’une et de l’autre. À cet égard, Reese et Julia m’ont toutes les deux élevées et rendue capable de faire mon travail.
Quel est le conseil qui ne vous quitte jamais ?
Ne jamais douter et penser qu’on est pas assez bien – parce qu’on l’est.
Ben is Back sortira plus tard cette année. Big Little Lies revient en 2019.
LISA NISHIMURA
En tant que vice-présidente de la programmation des comédies et documentaires originaux Netflix, Lisa Nishimura, 47 ans, ne nous a pas seulement apporté des séries à succès comme Making a Murderer et le film dévastant d’Ava DuVernay, The 13th,mais elle a égalementcontribué à l’obtention d’un premier Oscar pour Netflix avec le documentaire Icarus. Sa dernière série documentaire, The Staircase, relate l’histoire d’une affaire de meurtre très médiatique dans laquelle l’auteur de romans policiers Michael Peterson est accusé d’avoir tué sa femme en 2001.
Comment avez-vous fait vos débuts à Hollywood ?
J’ai grandi en tant qu’enfant d’immigrés japonais dans une famille à propension très académique. Mon incursion dans les arts s’est faite accidentellement – j’avais l’intention de faire médecine. Il y a eu un laps de temps avant que je rentre en médecine pendant lequel j’ai fini par obtenir un stage dans une maison de disques, qui s’est transformé en contrat de travail. J’y ai rencontré deux personnes avec qui, des années plus tard, j’ai lancé un label à San Francisco.
Quelle femme vous inspire le plus à Hollywood ?
Ava DuVernay, c’est une vraie force de la nature. Je l’ai appelée quand on a annoncé qu’elle ferait partie du jury de Cannes et lui ai dit : « Je suis tellement fière de toi », ce à quoi elle a répondu : « La dernière fois que j’étais à Cannes, j’étais publiciste pour le film Dreamgirls. » Pour moi, ça en dit long parce que c’est le genre de personne qui dit : « Et pourquoi pas ? » et « Pourquoi pas moi ? ».
Quel a été votre moment hollywoodien le plus excitant jusqu’ici ?
Aller aux Oscars cette année. C’est si important pour nos cinéastes, en particulier nos documentaristes, d’être nominés. Et une récompense peut définir une carrière. Ce sentiment de fierté et d’excitation pour eux, parce que vous savez tout ce qu’ils ont traversé, c’est quelque chose de très fort.
Quelle a été la plus grande leçon que vous ayez apprise jusqu’ici ?
L’importance d’être à l’écoute et du contexte – pas ce que vous dites, mais surtout ce que l’autre personne entend.
Quelle femme a joué un rôle déterminant dans votre carrière ?
Cindy Holland qui est à la tête de la division des séries originales Netflix et qui m’a recrutée il y a dix ans et demi. La voir diriger a été remarquable. Ce n’est pas quelqu’un qui se sent intimidée par l’excellence des autres, au contraire, c’est quelque chose qu’elle célèbre.
Quel est le pire conseil professionnel qu’on vous ait donné ?
De ne pas aller travailler chez Netflix.
The Staircase sera diffusé sur Netflix l’été prochain.
« À l’époque, je ne pensais pas à la réalisation comme à un métier de FEMME…. Puis j’ai commencé à travailler dans L’INDUSTRIE. C’est une des meilleures DÉCISIONS que j’ai jamais prises. »
KAREN GILLAN
KAREN GILLAN
Portée aux nues pour son interprétation de la compagne de Doctor Who dans la série TV anglaise culte avant de décrocher divers rôles dans des blockbusters (dont Avengers: Infinity War), à 30 ans,l’Écossaise Karen Gillan a, cette année, fait ses premiers pas de réalisatrice avec The Party’s Just Beginning,long-métrage dont elle a notamment écrit le scénario et dans lequel elle tient le rôle principal.
Pourquoi vous êtes-vous tournée vers la réalisation ?
En grandissant, j’avais une caméra avec laquelle j’aimais faire des films d’horreur avec mes parents ou mes amis. À l’époque, je ne pensais pas à la réalisation comme à un métier de femme, ce qui est ridicule, mais je n’en avais pas vu un seul exemple. Puis j’ai commencé à travailler dans l’industrie et je me suis dit que c’était ce à quoi j’étais destinée. C’est une des meilleures décisions que j’ai jamais prises.
Comment s’est déroulé le tournage du film dans votre ville d’origine, Inverness, en Écosse ?
Le jour, j’étais réalisatrice, donc dans une position d’autorité, puis en rentrant à la maison le soir, ma mère me réprimandais pour ne pas avoir descendu mon linge…
Quelle femme a joué un rôle déterminant dans votre carrière ?
Ma mère et mon père. Sans y prétendre, ils étaient tous les deux très féministes parce qu’ils n’ont jamais pensé que mon sexe me limitait à faire quoi que ce soit. Il me semble que c’est ça, la véritable égalité des genres, quand on n’a même pas besoin d’en parler.
Quel est le pire conseil professionnel qu’on vous ait donné ?
« Attendez qu’on vous invite ». Je ne crois pas que les choses viennent à vous, c’est à vous d’aller les chercher.
Quelle femme vous inspire le plus à Hollywood ?
Tilda Swinton. Elle pourrait jouer dans les plus grands films du moment, mais au lieu de ça, elle trouve des cinéastes intéressants et leur donne une plateforme en rattachant son nom à leur projet. Je pense que c’est faire une excellente utilisation de son statut.
Nous avons entendu dire que vous vous seriez portée volontaire pour réaliser un film Avengers 100 % féminin…
Je ne me suis pas nommée moi-même concrètement, mais que je le réalise ou non, ce serait fabuleux si Marvel pouvait faire un film comme ça.
The Party’s Just Beginning sortira plus tard dans l’année.
LILLY SINGH
Depuis qu’elle a téléchargé sa première vidéo sur YouTube, il y a huit ans, sous le pseudonyme IISuperwomanII, l’Indo-Canadienne Lilly Singh, 29 ans, a rassemblé plus de 13 millions d’abonnés et récemment lancé sa propre société de production. Cette année, elle passe au contenu télévisé en jouant dans le drame Fahrenheit 451 sur HBO.
Quelles libertés votre travail vous a-t-il offertes ?
En tantqu’Indienne, ma carrière m’a permis de faire ce que la plupart des femmes de ma famille n’ont pas eu la possibilité de faire : c’est-à-dire de quitter la maison. Ma mère ne s’inquiète même plus de savoir si je me marierai un jour rires.
Quelle est la plus grande leçon que vous ayez apprise jusqu’ici ?
De ne pas prendre les choses personnellement. Je lis beaucoup les commentaires qu’on me laisse sur les réseaux sociaux, et je suis toujours tentée de répondre à ceux qui sont négatifs, mais je m’améliore.
Quel avantage la plateforme YouTube a-t-elle par rapport à Hollywood ?
Sur YouTube, il y a beaucoup moins de barrières. Tout le monde peut créer du contenu. En plus, les gens aiment voir des vraies personnes dans le monde digital : ils veulent voir quelqu’un qui leur ressemble.
Quels sont les nouveaux talents hollywoodiens qui vous inspirent ?
Tiffany Haddish. Après l’avoir vue aux Oscars et dans Girls Trip,je me suis rendu compte qu’elle représentait une partie d’Hollywood qui avait manqué jusqu’ici.
Comment êtes-vous parvenue à faire figurer Michelle Obama dans votre série #GirlLove ?
J’ai dit que je voulais faire ce projet qui encouragerait les femmes à complimenter d’autres femmes et elle a dit : « Super ! ». Elle est t tellement cool et terre-à-terre, et on a chanté du Beyoncé ensemble. C’était très sympa.
Si vous pouviez travailler avec un réalisateur ou une réalisatrice en particulier, ou avec un acteur ou une actrice, qui choisiriez-vous ?
The Rock. C’était mon idole en grandissant.
Quelle femme a joué un rôle déterminant dans votre carrière ?
Selena Gomez. Je trouve fascinante la manière dont elle a grandi avec son public, et la grâce avec laquelle elle y est parvenue. J’ai des difficultés avec ça. J’ai une chaîne YouTube tout à fait adaptée aux plus jeunes, mais j’ai aussi grandi – je ne peux plus faire de vidéos au sujet de l’école. Une des leçons qu’elle m’a enseignées, c’est de refuser de s’excuser pour un oui ou pour un non.
Que voudriez-vous que votre biographie Allociné dise de vous dans 20 ans ?
« A fait de nombreux projets avec The Rock. »
Regardez Fahrenheit 451 sur HBO.
MARIELLE HELLER
Née en Californie, Marielle, 38 ans, a fait ses débuts de réalisatrice en 2015 avec The Diary of a Teenage Girl. Cet automne, la scénariste, actrice et réalisatrice rejoindra directement le haut du tableau avec Can You Ever Forgive Me?,filmdans lequel Melissa McCarthy joue le rôle d’une faussaire de biographies, et le biopic You Are My Friend inspiré de la vie de Mr. Rogers, lequel est interprété par Tom Hanks.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées à Hollywood ?
J’ai surmonté de nombreux obstacles pour faire accepter aux gens qu’un film qui traite de la sexualité d’une adolescente The Diary of a Teenage Girl pouvait intéresser tout le monde. Par ailleurs, une des choses les plus difficiles, c’est de jongler entre travail et enfants. Je soutiens l’adoption d’horaires « à la française » sur mon prochain film, soit dix heures de travail sans pause au lieu de 12h30 de travail par jour et d’une heure de pause déjeuner. Avoir la possibilité de rentrer à la fin de la journée et de voir ses enfants avant de les mettre au lit, ça fait une énorme différence.
Quelle est la plus grande leçon que vous ayez apprise ?
À faire confiance à mon instinct. Je pense que quand on est une femme, on a cette crainte qu’il y ait une poignée de main ou un langage secrets à connaître pour devenir réalisatrice. J’ai un jour pris conscience qu’en réalité les compétences que j’avais acquises en tant qu’actrice et scénariste me prédisposaient à devenir une bonne réalisatrice.
Pourquoi Melissa McCarthy était-elle la bonne personne pour jouer le rôle de Lee Israel dans Can You Ever Forgive Me?
Melissa s’engage à donner une voix aux femmes auxquelles on n’accorde pas la parole. Lee Israel est le type de personne qu’on croiserait dans la rue sans lui prêter attention, sans jamais deviner, ni même imaginer, ce dont elle est capable.
Quelles sont les meilleurs et les pires aspects d’Hollywood ?
Le pire c’est qu’on s’y compare aux autres. Il y a le sentiment que si quelqu’un d’autre réussit, il ou elle s’est approprié une place qui ne vous reviendra pas. L’avantage c’est d’avoir beaucoup d’amis réalisateurs et réalisatrices et d’avoir le sentiment qu’on est là pour se soutenir les uns les autres pendant les moments difficiles.
Votre plus beau souvenir hollywoodien ?
J’ai eu la chance de rencontrer Prince quand mon époux le comédien Jorma Taccone était auteur pour le Saturday Night Live. Nous étions à une fête d’après tournage et il est arrivé à 4 heures du matin, et j’ai vraiment une la sensation d’être en présence d’un prince.
Quel changement enthousiasmant pouvez-vous observer en ce moment dans l’industrie ? De plus en plus de voix différentes sont en train de s’élever, ainsi que les histoires que l’on raconte, ce qui est très excitant. Et le fait que ce soit le public qui réclame ça, c’est tout simplement magnifique.
Can You Ever sortira le 19 octobre aux États-Unis et le 1er février 2019 au Royaume-Uni. You Are My Friend sortira en 2019.
LUMIÈRE, MOTEUR, ACTION !
Au vu de l’évolution fulgurante du cinéma et de la télévision, nous avons demandé à ces cinq stars de s’exprimer sur les grands changements qui se déroulent en ce moment à Hollywood.
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