La Provence de Jane Birkin

« J’avais réussi à décrocher un rôle dans La Piscine, le film de Jacques Deray, qui devait être tourné en Provence. À Paris, je sortais avec Serge Gainsbourg depuis peu. Nous sommes donc partis pour le Sud dans une limousine de location, avec ma fille Kate (qu’elle a eu de son précédent mariage avec John Barry). Elle était assise sur mes genoux, et on avait attaché le couffin et les paquets de couches sur le toit de la voiture. Pendant huit semaines, Serge est resté à l’hôtel Byblos pour garder Kate, alors que j’allais tous les jours sur le tournage. Mes parents sont aussi venus nous rendre visite. Je pense que ma mère s’est aperçue que j’étais folle amoureuse de Serge dès le premier jour. Elle est allée dans notre salle de bain et elle a vu des « je t’aime » écrits sur tout le miroir de la salle de bain. Ce furent les vacances de famille les plus tranquilles que j’ai connues. Ma fille grignotait des épis de maïs, mes parents allaient à la plage, et je me souviens d’interminables déjeuners dans de jolis restaurants provençaux, comme Le Club 55, sur la plage de Pampelonne. L’atmosphère d’insouciance était à l’opposé du scénario tourmenté de La Piscine, un chassé-croisé entre deux couples qui tourne mal.

Quelques années plus tard, avec Serge, nous avons loué le Château Volterra, à Ramatuelle, près de Saint-Tropez (photo). Il était assez grand pour accueillir notre famille qui s’était agrandie, avec Kate, Charlotte et notre bull-terrier, Nana. Je me souviens du stress que nous avons eu quand nous cherchions à éviter la foule des vacanciers à Saint-Tropez, en plein mois d’août. Nous allions payer en cash la location du château à sa propriétaire, Suzy Volterra, avec un sac plein de billets. Au final, nous ne sommes restés qu’une semaine, car on m’a proposé un rôle dans Don Juan, avec Brigitte Bardot.

Lors de mes premières vacances en Provence, j’étais encore adolescente. J’en garde de très bons souvenirs : mon premier bikini, les petits déjeuners avec des croissants et du chocolat au lait en bouteille, la chaleur de minuit et le bruit des cigales, bronzer sur des matelas gonflables et jouer au jokari sur la plage.

J’ai voyagé dans toute la Provence, de la Côte d’Azur jusqu’à Sigonce, un petit village de montagne, près de Forcalquier. J’ai passé de très bons moments dans la région. Je me souviens des jolis marchés où j’achetais des pêches et des abricots, du festival de théâtre d’Avignon et de sa chaleur étouffante, de Marseille et de La Ciotat, avec ses recoins secrets et ses calanques. La moindre odeur d’Ambre Solaire me renvoie directement à tous ces étés passés là-bas. »

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