En solitaire
Avec
Dakota Fanning
Pour cette actrice ayant débuté sa carrière pendant l’enfance, les événements ont bien tourné, un fait rare à Hollywood. La sage DAKOTA FANNING nous parle de la pression qui pèse sur les épaules des enfants stars, de l’acceptation de l’âge adulte, et de son nouveau projet avec Quentin Tarantino, son héros cinématographique. Par JENNIFER DICKINSON
DE L’INCONVÉNIENT DE DÉBUTER SA CARRIÈRE JEUNE « J’ai su que je voulais jouer la comédie à l’âge de six ans, mais je n’y ai jamais été poussée. C’est même le contraire, car ma mère se demandait ce qu’il se passait et n’était pas partante. Mais elle a vu que j’avais le virus de la comédie, a cru en moi, et a sacrifié la vie qu’elle pensait avoir pour moi. C’est pour ça que je déteste lorsque les gens insinuent que j’ai été forcée. Ce qui est difficile dans le fait de commencer si jeune, ce que j’ai fini par accepter complètement, est que lorsqu’on grandit et devient une femme, les gens pensent que vous êtes plus jeune. L’autre jour, ma mère, ma sœur [Elle Fanning] et moi étions à Las Vegas pour fêter les 21 ans de ma sœur, et quelqu’un m’a demandé “Tu es Dakota Fanning ? Tu es cette enfant ?” Et ma mère était désolée pour moi. C’est comme ça. Ça ne m’a jamais vraiment ennuyée. Mais je réalise à quel point ça aurait pu, et de quelle façon j’aurais pu emprunter la mauvaise voie, grandir trop vite et prendre les mauvaises décisions en essayant de de fuir les gens qui vous disent que vous êtes trop jeune. »
LE BONHEUR DE GRANDIR AUPRÈS DE CÉLÉBRITÉS « C’est Tom Cruise qui m’a offert mon premier iPod et mon premier téléphone portable, sur le tournage de La guerre des mondes. [Après avoir travaillé sur Dreamer : Inspired by a true story] Kurt Russell m’a fait don d’un cheval. Mais au-delà des cadeaux, je crois que les gens souhaitaient me laisser un souvenir. Par exemple, quand j’ai eu dix ans, je tournais un film avec Robert De Niro, et on m’a organisé un anniversaire surprise dans la salle du déjeuner, où il y avait ma nourriture favorite et où tout le monde portait un chapeau de fête. Même au moment de mon premier film, Sam, je suis Sam : le jour de la Saint-Valentin, Michelle Pfeiffer a décoré ma loge avec des ballons roses et rouges, et déposé des colifichets et des bonbons. Elle a ensuite fait la même chose pour mon anniversaire, donc c’est le souvenir qu’il me reste de mes sept ans. »
« J’ai su que je voulais JOUER la comédie à l’âge de six ans, mais je n’y ai jamais été POUSSÉE. Mais ma mère a vu que j’avais le virus de la comédie, A CRU en moi, et a sacrifié la vie qu’elle pensait avoir pour moi »
TRAVAILLER AVEC TARANTINO : UN RÊVE ENFIN CONCRÉTISÉ « J’ai su qu’il préparait ce film [Once Upon a Time… In Hollywood], et étant l’une de ses fans, je lui ai écrit un message à tout hasard. Il m’a invitée à passer une audition et j’ai obtenu le rôle de Squeaky, une personne qui existe réellement, et tellement excentrique. Mon rêve devenait réalité, il n’y a pas d’autres mots pour décrire mon ressenti. J’aurais probablement accepté n’importe quel rôle, mais celui-ci était tellement intéressant et relevait du défi que j’étais vraiment emballée. Quentin était très chaleureux et gentil la première fois que je l’ai rencontré. Je trouve que dans ses films et ses interviews on ressent fortement son amour du cinéma. Et en chair et en os, c’est décuplé. Sur ses tournages, les téléphones sont interdits. Tout le monde consulte ses messages avant d’aller sur le plateau. À mon avis, il estime que faire des films est un tel privilège que l’idée de voir quelqu’un jouer à Candy Crush [sur le plateau] est agaçante. »
« Je mets un POINT D’HONNEUR à faire les choses bien, et à vivre ma vie avec intégrité. Je suis une personne très LOYALE… si nous sommes amis, j’attends qu’on le reste toute notre vie. Je ne sais pas être autrement. Quand les autres ne sont pas sur la même longueur d’onde ça peut engendrer une grande DÉCEPTION »
POURQUOI ELLE CROIT EN LES AMITIÉS DURABLES « Je mets un point d’honneur à faire les choses bien, et à vivre ma vie avec intégrité. De telles valeurs impliquent de veiller à travailler avec les bonnes personnes pour les bonnes raisons. Il est important pour moi de me sentir proche des gens qui font partie de mon équipe, et de savoir que nous prenons soin les uns des autres. Je connais ma publicitaire, Robin, depuis que j’ai 13 ans et j’en ai maintenant 25. Je suis une personne très loyale et je suis attirée par les personnes loyales. En amitié aussi : si nous sommes amis, j’attends qu’on le reste toute notre vie. Je ne sais pas être autrement. Quand les autres ne sont pas sur la même longueur d’onde ça peut engendrer une grande déception. Mais j’ai de la chance car j’ai les meilleurs amis du monde. J’ai le même groupe de copines depuis la classe de troisième au collège. On a vécu tant de choses ensemble et avons accompli une belle chose merveilleuse en restant connectées. Ma meilleure amie se marie le mois prochain. Elle a deux ans de plus que moi et c’est la première à se marier. J’ai l’impression que tout le monde s’y met. On discutait constamment de nos futurs mariages, et ça y est, nous y sommes. Je suis impatiente de vivre toutes ces étapes. J’ai hâte d’avoir des enfants. »
AVOIR 21 ANS A MIS UN TERME À DES ANNÉES D’INQUIÉTUDE « Avoir 21 ans m’a libérée. Avant ça, les choses pouvaient m’effrayer… J’allais à un dîner de gala où tous les verres étaient remplis de vin et j’en levais un pour porter un toast et les gens disaient « Elle boit du vin ! ». Non, c’est faux ! Des petites choses stupides comme ça. Je veux dire, je suis allée dans des bars et des clubs quand quelqu’un organisait un after après une avant-première, mais je n’ai jamais essayé d’y participer. Je ne suis jamais allée dans un endroit où je n’étais pas censée aller. Je ressentais une forte pression de ne pas mal me comporter. Ce qui aurait pu me rendre dingue, parce que c’est un poids trop lourd pour une jeune personne, qui à cet âge-là est censée commettre des erreurs. Et des erreurs, j’en ai fait, mais dans ma sphère privée. Quand j’ai eu 21 ans, j’ai eu la sensation que ce poids s’envolait de mes épaules, et me suis sentie plus libre. »
« Je ressentais une forte PRESSION de ne pas mal me comporter. J’ai fait des ERREURS, mais dans ma sphère privée. Quand j’ai eu 21 ans, j’ai eu la sensation que ce poids S’ENVOLAIT de mes épaules, et me suis sentie plus libre »
PASSER DERRIÈRE LA CAMÉRA LA TERRIFAIT « J’ai vécu dans le même appartement new-yorkais pendant sept ans, et l’année dernière, j’ai réalisé un court-métrage à ce sujet avec Miu Miu, comme une sorte de mécanisme de défense pour me préparer à le quitter. J’ai envoyé le scénario à Madame Prada. Elle l’a lu et m’a envoyé un message adorable exprimant son impatience [de le visionner]. J’avais tellement peur. Le tournage a duré deux jours, et je me souviens qu’à la fin du premier, je suis rentrée chez moi et j’ai dit à mon petit ami “Je ne veux pas y retourner”. Le lendemain matin je me suis réveillée avec la sensation d’avoir bu trois bouteilles de vin la veille. J’étais terrassée [par l’anxiété]. Naturellement, le deuxième jour, je me sentais un peu mieux et j’ai pensé “D’accord, si je devais travailler pendant huit semaines, j’imagine que chaque jour m’apporterait un peu plus de confiance en moi.” À la fin, je ne me suis jamais sentie aussi fière de quelque chose. J’ai envie de réaliser un film un jour. Travailler avec ma sœur est également agréable. J’aimerais beaucoup qu’Elle écrive un scénario et que je le réalise. C’est un projet dont on a beaucoup parlé parce qu’elle est plus douée pour l’écriture que moi. »
ELLE RÉALISE UN RÊVE (DEVENIR ÉTUDIANTE, ET NON STAR DE CINÉMA) « J’ai toujours eu envie d’aller à l’université, ainsi qu’à un lycée classique. Quand j’aurai des enfants et qu’ils feront cette expérience de la scolarité, je voudrai être à même de savoir comment ça se passe afin de pouvoir en parler avec aux. Mais au lycée où je suis allée, peu d’options permettent d’étudier et de travailler en même temps, et je ne voulais pas arrêter de travailler. À la fin, j’ai choisi la School of Individualized Study Gallatin de New York, créée pour des professionnels, comme des danseurs et des chanteurs, ayant une carrière mais souhaitant continuer leurs études. À l’université de New York (NYU), il est possible de suivre tous les cours proposés. Je ne pense pas que ma mère m’aurait laissé déménager à New York, ce qui a toujours été mon rêve, si je n’y étais pas scolarisée. J’y suis depuis quatre ans maintenant. Chaque jour ma mère me demande “Alors, quand seras-tu diplômée ?” J’ai presque terminé. »
« Je suis clairement RÉSERVÉE jusqu’à ce que je me sente à l’aise. Et je me MÉFIE des gens qui ont le comportement opposé. Ils livrent trop de choses et je m’inquiète de la raison qui les y pousse. Ils vous connaissent à peine et vous savez tout de leur vie. C’est MAUVAIS SIGNE »
APPRENDRE À SE LIVRER DAVANTAGE « Je peux sembler… Froide est trop sévère… Mais je suis clairement réservée jusqu’à ce que je me sente à l’aise. Et je me méfie des gens qui ont le comportement opposé. Ils livrent trop de choses et je m’inquiète de la raison qui les y pousse. Ils vous connaissent à peine et vous savez tout de leur vie. C’est mauvais signe. Je m’améliore, et récemment j’ai eu envie de me dévoiler un peu plus à autrui, parce que j’étais frustrée que les gens pensent me connaître. Instagram est devenu une façon amusante de partager des bribes de ma vie. Mais ça doit rester authentique. Je veux que les éléments que je publie restent vrais, que ce soient des choses que j’aime, qui m’intéressent, qui sont drôles, ou qui intéressent les gens. Il y a peu je suis partie en week-end avec mes amis et nous n’avons pris aucune photo ni vidéo : on a su qu’on avait passé du bon temps ensemble car immortaliser ce moment nous a fait l’effet d’une corvée. Quand je commence à paniquer à l’idée de publier quelque chose sur un réseau social, je sais que je dois laisser mon téléphone de côté. »
Once upon a time… In Hollywood sortira sur les écrans français le 14 août 2019
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