Lucy’s Rhapsody
Avec
Lucy Boynton

LUCY BOYNTON a fait sensation au cinéma l’année dernière dans Bohemian Rhapsody. Cette année, elle part à la conquête du petit écran avec The Politician sur Netflix où elle joue une étudiante sans pitié fermement décidée à détruire les ambitions politiques d’un camarade. SUSIE RUSHTON découvre que dans la réalité, l’actrice est tout aussi déterminée, la traîtrise en moins…
Peu de femmes sont constamment magnifiques, quels que soient le moment et l’occasion où vous les croisez. Mais Lucy Boynton est l’une d’entre elles. Le jour de notre rencontre à Londres, le mercure a grimpé, et elle arrive dans le restaurant de l’hôtel Rosewood vêtue d’une robe-chemise noire transparente (un modèle DKNY que sa mère portait dans les années 90), de derbies à semelles épaisses noires, une montre Chanel J12 à son poignet. « Je la porte en permanence », dit-elle en agitant son bras et en souriant. « Quelqu’un veut-il savoir l’heure ? » Ses yeux bleus sont frangés de faux cils à la Twiggy, ses cheveux blond platine noués avec un ruban noir : elle a tout d’une beauté des années 60 que David Bailey aurait aimé photographier.
L’actrice de 25 ans fait actuellement des ravages à Hollywood. Un succès dans Bohemian Rhapsody l’année dernière, un petit ami qui n’est autre que Rami Malek, acteur récompensé aux Oscars, et un rôle d’envergure dans The Politician, la prochaine série Netflix de Ryan Murphy, le créateur de Glee et d’American Horror Story.
Je découvre sa personnalité, mélange intrigant de malice, de maîtrise de soi, et d’opinions et d’observations réfléchies. Elle navigue d’un sujet à l’autre avec aisance, de la mode (« Je suis fascinée par tout ce qui représente la lune », dit-elle en jouant avec ses colliers célestes Andrea Fohrman) au mouvement #MeToo qui a changé la vie des actrices sur les plateaux de tournage : « C’est une bonne chose de ne pas avoir peur de se voir coller l’étiquette “pénible” », affirme-t-elle. En revanche, elle est moins loquace quant à Rami Malek, même si elle ne peut pas s’empêcher de faire souvent allusion à lui pendant notre conversation. Il est resté alité dans leur chambre d’hôtel car il est souffrant. Elle fera un détour par la pharmacie après notre entretien pour lui apporter des médicaments. Il dit d’elle qu’elle « lui permet de garder les pieds sur Terre. »
« Ce n’est pas un PROBLÈME de ne pas avoir PEUR d’avoir la réputation d’être “DIFFICILE” »
Lucy Boynton est également hilarante. « Je me trouve très drôle, jusqu’à ce que la caméra s’allume », dit-elle. « Ensuite je perds le fil… » La voilà modeste, car elle est vraiment comique dans The Politician. Cette comédie dramatique a été tournée dans un lycée de Santa Barbara, et la star de Pitch Perfect Ben Platt y campe le premier rôle, celui d’un politicien en herbe très ambitieux. Lucy Boynton interprète son ennemie jurée, Astrid, qui s’éveille à la politique. « C’est la première fois que j’interprétais un personnage aussi cruel », explique-t-elle, « mais comme Ryan Murphy équilibre la noirceur et la légèreté, Astrid est également attachante. »
Gwyneth Paltrow, Jessica Lange, Martina Navratilova et January Jones, qui incarne sa mère, sont également au casting. « Il y avait certaines personnes dont je n’avais pas envie de croiser le regard », commente-t-elle à propos de ce bain de célébrités. Mais elle a « tellement adoré » travailler avec January Jones, qu’elle qualifie de « femme cool et honnête », même si elle n’appréciait pas toujours d’apparaître à ses côtés. « Dans une scène commune nous regardions toutes les deux dans un miroir, et le réalisateur m’a dit “Imagine seulement que tu la regardes, qu’elle est magnifique, et que tu te sens inférieure”. Ce à quoi j’ai répondu “Je n’ai pas besoin de faire marcher mon imagination, c’est déjà le cas, et j’essaie de ne pas pleurer !” »
Le moment le plus gênant du tournage ? La première scène de sexe de sa carrière. « J’ai haï ce moment », se remémore-t-elle en faisant la grimace. « Mais Helen Hunt [l’actrice titulaire d’un Oscar est devenue réalisatrice] me dirigeait, et j’ai dit « Je suis un peu timide », et elle m’a juste regardée. Donc j’ai dit, « Je suis désolée mais je garde mon T-shirt et mon survêtement. Mais j’étais mal à l’aise. »
« Quand on chante les LOUANGES d’une nouvelle actrice, ça ne dure généralement que CINQ MINUTES »
Même si Lucy Boynton savoure l’accueil qui lui est réservé en tant que « nouveau talent », elle travaille dans l’industrie du cinéma depuis 13 ans maintenant. « Quand on chante les louanges d’une nouvelle actrice, ça ne dure généralement que cinq minutes », dit-elle. Ses parents sont des journalistes britanniques, et elle est née à New York. Ce n’est qu’à leur retour à Londres qu’elle a débuté sa carrière d’actrice, quand un réalisateur l’a repérée à l’âge de 12 ans pendant une audition à l’école pour filles James Allen, pour le film Miss Potter aux côtés de Renée Zellwegger et d’Ewan McGregor. Elle a rapidement eu un agent, et d’autres longs-métrages ont suivi, dont L’école de tous les talents avec Emma Watson. D’autres opportunités se sont présentées, mais sa mère a mis son veto sur les rôles qu’elle jugeait inappropriés. « Elle était très protectrice quant aux scénarios que je lisais, et a refusé que je joue dans St Trinian’s – Pensionnat pour jeunes filles rebelles et Lovely Bones. Elle ne voulait pas que je sois confrontée à certains sujets. Quand je l’ai appris plus tard, j’étais furieuse. Je trouvais qu’elle me sabotait. Sa fille de 12 ans ! J’étais tellement odieuse. »
Quand elle a choisi de ne pas aller à l’université et de poursuivre sa carrière d’actrice, ses parents ont été « très inquiets », mais elle a décroché de nombreux rôles, principalement dans des films d’horreur et d’époque. C’est celui de Mary Austin, la compagne de Freddie Mercury, qui l’a révélée au grand public. Le tournage de Bohemian Rhapsody, qui a comporté son lot de problèmes, a laissé des traces. Au cours de la production, l’acteur principal et le réalisateur ont tous deux été remplacés. « À cause des légères difficultés rencontrées lors du tournage, on a dû s’impliquer d’autant plus. Voir Rami s’atteler à la tâche… Il sait toujours avec quelle caméra nous tournons, sur quel plateau, comment les choses sont organisées, quel est le plan de tournage. Il appréhende le projet dans son ensemble. »
« C’est bien de voir que le public apprécie son travail [en parlant de Rami Malek], mais ça devient problématique quand les gens L’ALPAGUENT. Je veux dire, ça ne nous viendrait pas à l’idée D’EMPOIGNER un étranger dans la rue »
Au mois de janvier, Lucy Boynton et Rami Malek ont officialisé leur relation. Elle admire la conception du métier d’acteur de son petit ami. « Auparavant je n’avais jamais réellement vu un acteur principal s’impliquer autant dans chaque aspect d’un film », s’émerveille-t-elle. « J’ai essayé de le faire, d’être plus au fait de ce qui se passe. Je crois que je suis davantage capable d’avoir des idées arrêtées, que j’ai étoffé mon vocabulaire cinématographique, ainsi que mes goûts personnels. » Désormais, elle souhaite acheter les droits d’adaptation de nouvelles œuvres de fiction féminines : « Je veux m’impliquer dans l’évolution d’un scénario, faire partie de la force créative », dit-elle avec enthousiasme.
Rami Malek a 38 ans et a obtenu son premier rôle principal il y a seulement quatre ans dans Mr. Robot, et cela a convaincu Lucy Boynton qu’il ne fallait pas précipiter les choses. « Il est dans le business depuis plus longtemps que moi. Et j’en tire la conclusion qu’il est primordial de prendre son temps. Je veux consacrer le reste de ma vie au cinéma, et il est facile d’être tentée de faire perdurer un moment de gloire, une phrase que l’on entend régulièrement. De rapidement signer un autre contrat après un succès, pour faire parler de soi. Mais j’ai appris que ce n’est pas le cas, et que l’on peut prendre le temps de privilégier des projets de grande qualité, plutôt que d’accepter tout et n’importe quoi. »
Rami Malek est originaire de Los Angeles, et tous deux se voient à New York et à Londres quand leurs emplois du temps respectifs le leur permettent. Elle avoue avoir beaucoup de mal à s’habituer aux fans qui demandent des selfies avec Rami Malek : « C’est bien de voir que le public apprécie son travail, s’ils ont vu Mr. Robot ou Bohemian Rhapsody, mais ça devient problématique quand les gens l’alpaguent. Je veux dire, ça ne nous viendrait pas à l’idée d’empoigner un étranger dans la rue. Et je crois qu’il y a une notion de propriété. Il y a des gens qui s’approchent avec leur appareil photo et se fichent des personnes avec qui Rami se trouve. C’est arrivé quand nous étions avec ma mère, et on a été écartées sans ménagement. C’était choquant. »
Ce phénomène amplifié par les smartphones est apparemment pire à New York qu’à Londres, et explique probablement son aversion pour Instagram, où 800 000 abonnés la suivent. « Plus ça va et plus je m’en détache », dit-elle. Son profil est dorénavant une vitrine de ses aventures mode, qui mériteraient à elles seules une série Netflix : depuis que Leith Clark s’occupe de son style (il travaille également avec Keira Knightley et Felicity Jones), son goût pour les pièces vintage s’est prononcé et a reçu une nouvelle énergie. Des motifs floraux haute couture, des mini-robes vives, et des chaussures plates féminines (« Leith et moi avons eu le coup de foudre pour les babies portées par Annie dans la comédie musicale de 1982 ») définissent son style.
Elle a participé au gala du Met vêtue d’une robe rose pastel Prada, et avait coloré sa chevelure en bleu avant de l’orner de fleurs et de cristaux. « J’ai gardé mes cheveux bleus plus longtemps que prévu. » Son compagnon flirte également avec le mode, peut-être sous son influence, et leurs tenues bleu poudré assorties des Critics’ Choice Awards ont fait sensation, même si leur ressemblance n’était pas intentionnelle.
« En principe je devais porter une robe Gucci », explique-t-elle, « mais elle nécessitait des retouches, donc j’ai dû en choisir une autre. Et je pars toujours plus tôt que lui avant un événement car je me prépare avec mon équipe et le rejoins ensuite sur place. Du coup, ce n’est que lorsque nous nous sommes assis et que nous avons échangé un regard que j’ai réalisé. On n’avait pas envie d’être un couple coordonné ! » affirme-t-elle en riant. « Notre but est de rester deux individus bien distincts. »
The Politician sera disponible sur Netflix à partir du 27 septembre
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