Working Girl
Avec
Chloë Grace Moretz

Enfant star figure emblématique de sa génération, l’actrice CHLOË GRACE MORETZ nous parle de musique, de business et d’un certain Brooklyn Beckham. Par SANJIV BHATTACHARYA.
« J’ai une volonté de fer, mais je n’arrive pas à tout faire ! » En cette chaude après-midi, dans un restaurant de Beverly Hills, Chloë Grace Moretz est pleine d’énergie. Elle se présente à notre rendez-vous en short très court et manteau : « Classe de pilates », me dit-elle, en attrapant et reposant un menu aussitôt. « Les jours ne sont pas assez longs ! »
Comment ne pas être d’accord, même si dans son cas, à 19 ans seulement, on pourrait se poser des questions ? L’année qui vient de passer a été en effet très chargée : un road trip à travers le pays, sa rencontre avec Hillary Clinton (« J’ai pleuré lorsque je l’ai vue. Une femme forte et impressionnante. Je lui ai dit que mon premier vote serait pour elle. »), un 41ème film, sa boîte de production Treetop Productions, l’achat d’une énorme maison pour sa mère Teri, et son frère Trevor, tous deux travaillant pour elle. Si tout ça n’est déjà pas assez, il n’y a plus d’espoir pour nous autres.
« Ma mère dit souvent : “Tu es jeune, ne te mets pas tant de pression.” Elle voudrait que j’en fasse moins, dit Chloë en souriant, mais j’ai fait en moyenne quatre films par an ces six dernières années – sinon je m’ennuie. »
Demain, elle part pour le festival du film de Tribeca à New York, puis revient à Los Angeles pour la promotion de son dernier film Nos pires voisins 2, avec Seth Rogen and Zac Efron, suivi de quelques mois à Londres pour le tournage du dessin animé adapté au cinéma La Petite Sirène qui sortira en 2017. « Il y a aussi ce shooting pour Coach », ajoute-t-elle, étant le visage de la campagne de pub de la marque depuis un an.
Les enfants stars sont bien connus pour ce côté étrange qu’ils ont d’être trop jeunes et trop matures à la fois. Chloë en est l’exemple parfait. Sûre d’elle et imperturbable, elle répond intelligemment à mes questions sans aucune hésitation. Si elle m’apprenait à l’instant qu’elle se présentait aux élections, je la croirais, alors qu’elle vient à peine de rentrer dans l’âge adulte.
“Ma mère voudrait que j’en fasse moins ; je tourne en moyenne quatre films par an sinon, je m’ennuie”
« Pour l’instant être adulte, ça me va », dit-elle avec un grand sourire. La première chose qu’elle ait faite est d’avoir passé son permis et d’avoir roulé 4 419 miles (7 000 kilomètres) en tout, d’où ce chiffre tatoué sur sa peau. L’aventure a duré deux semaines, rien qu’elle, son frère et le copain de celui-ci. « Je vous raconte même pas la voiture ! Mercedes m’a offert une GLE 450. Et les sièges vous massent en plus ! »
À 80 000 dollars, Chloë aurait pu facilement se l’acheter, mais elle n’est pas du genre à mettre une telle somme dans une voiture ; elle fait attention à son argent. « C’est idiot. Sauf si c’est un modèle ancien. Moi, je suis plus Jeep. » L’université est aussi trop onéreuse. « J’aimerais étudier la psychologie ou un truc comme ça, mais les frais font peur. On doit vraiment faire quelque chose pour ça, ici. »
Elle doit ce genre de valeur à une enfance passée au sein d’une famille baptiste très soudée à Atlanta. Chloë est la plus jeune de cinq enfants et la seule fille, ce qui peut avoir des avantages. « Comme j’ai vu les erreurs faites par mes frères, je pense avoir compris des choses rapidement », dit-elle. C’est aussi ce qui explique son « esprit de compétition » et qu’elle soit « une féministe », ayant eu droit au même traitement que ses frères. Le côté positif ? « Lorsque des garçons viennent à la maison ! rit-elle. C’est quatre grands mecs de plus d’1 mètre 80 qui répondent à la porte. Ça fait très “Fais gaffe à Chloë.” J’adore ! »
“Comme j’ai vu les erreurs faites par mes frères, je pense avoir compris des choses rapidement”
C’est son frère Trevor qui l’a mise sur la voie. Voulant lui-même devenir acteur, leur mère l’accompagnait à New York pour des castings, la petite Chloë sur les jambes. Elle a commencé à être très demandée et, à l’âge de six ans, Chloë et sa famille sont partis s’installer à Los Angeles pour sa carrière, dont sa mère et Trevor s’occupent aujourd’hui. Ils font aussi partie de sa société de production. Cela ferait-il donc d’elle – la toute dernière de la fratrie – le patron ? « En tant qu’actrice, peut-être, mais quand il s’agit de la production, on est au même niveau. Je ne suis pas autoritaire de toute manière ; c’est pas bon pour la création. De plus, ça ne marcherait pas car, dans ce business, les filles ne se comportent pas de la sorte », dit-elle, ironiquement.
Le vieil adage selon lequel on ne mélange pas la famille et les affaires est à revoir. Ses parents ont divorcé lorsque Chloë était petite et sa mère a élevé les enfants toute seule ; ils sont donc tous très proches. Le père, lui, n’est pas vraiment présent. « L.A. est une ville dure, lance-t-elle à demi-mots. Les tentations sont grandes et on peut vite y céder. »
Un vrai tournant dans sa vie. À cette période, après le divorce de ses parents, s’ensuit le combat de sa mère contre le cancer (Chloë a alors 10 ans) et le coming out de deux de ses frères – d’où son engagement auprès de LGBT. Tout ça au milieu d’une carrière sur les starting-blocks. En 2000, la comédie Kick-Ass, et la polémique autour, ont fait d’elle une star – le film a été critiqué pour faire l’éloge de la violence et pour le langage vulgaire de l’actrice alors âgée de seulement 11 ans. L’année suivante, elle joue dans Dark Shadows, aux côtés de Johnny Depp (« Il sent tellement bon ! La rumeur voudrait qu’il porte son propre parfum, fait avec son sang. »). Puis Hugo Cabret, en 2011, de Martin Scorsese qu’elle trouve « plus dynamique que la plupart des jeunes réalisateurs qu’elle connaît », et Carrie, la vengeance, en 2013, avec Julianne Moore, sa mère à l’écran, à qui elle parle tous les quinze jours : « Elle me conseille beaucoup. J’ai la chance de l’avoir dans ma vie. »
“Je ne suis pas autoritaire ; c’est pas bon pour la création. De plus, ça ne marcherait pas”
En cours de route, Chloë passe son Bac. Elle a été scolarisée à la maison, et sa tutrice – qu’elle partage avec son amie Hayden Panettiere – faisait les déplacements pour la suivre sur les tournages. « J’ai vraiment senti la pression, surtout sur Carrie où je devais pleurer beaucoup, puis me mettre aux maths ! »
Si elle était allée au lycée, elle n’aurait pas du tout fait partie de la bande de fille dans le coup. C’est plutôt une férue de musique : elle va à des concerts toutes les semaines. Ses groupes préférés sont Goldlink, Banks et Moxie. Son amie Georgia Nott, la chanteuse du groupe néo-zélandais Broods, a récemment fait la première partie d’un concert d’Ellie Goulding.« Je suis si fière d’elle », dit-elle. Donc pas une fan de Bieber ? Elle rit. Pour décompresser, elle adore aller « danser dans des clubs gay avec ses frères ».
Elle a beau avoir réussi, Chloë ne peut pas en dire autant au niveau des relations sociales, la faute à un emploi du temps chargé. À ce jour, confie-t-elle, « je n’ai qu’une seule amie à qui je fais confiance. Mais ça me va. Une fille normale qui va à la fac. » Et sa vie sentimentale est un terrain miné. « On me voit faire l’amour à l’écran, on sait la tête que j’ai quand je pleure, on peut lire mes interviews, savoir ce que j’aime… donc les gens pensent avoir beaucoup de choses en commun avec moi. Puis je me dis : “Attends, comment ça se fait que le courant passe si bien ?” Et c’est là que tu comprends. Je préfère retourner à mon travail. »
“Je me dis : ‘comment se fait-il que le courant passe si bien ?’ C’est parce qu’ils ont lu mes interviews”
“Mon petit ami doit comprendre que je voyage beaucoup, que j’ai des scènes de sexe à faire, une vie à cent à l’heure… » Ayant été vue plusieurs fois en compagnie de Brooklyn Beckham, aurait-elle enfin trouvé cette personne-là ? « On est de très bons amis, c’est tout, répond-elle. Les Beckham sont une super famille, et ils ne s’affichent pas non plus. »
Quelques jours après notre interview, il semblerait que sa vie amoureuse soit passée à la vitesse supérieure. En effet, Brooklyn a posté des photos plutôt intimes de lui et de Chloë sur son compte Instagram, faisant pencher la balance du côté du petit ami. Finalement, elle confirme la rumeur lors d'une interview : « Oui, on est ensemble. »
Je comprends plus ce dont elle parlait à propos de son partenaire idéal qui devrait accepter son train de vie infernal. Quelqu’un qui fait partie de la famille Beckham est on ne peut plus à même de concevoir ces choses-là, sans aucun doute.
Alors, avec tout ça, qu’en est-il des conseils de sa mère qui voudrait qu’elle prenne plus de bon temps ? « Je fais beaucoup de sport, genre deux fois par jour. Ça compte ça ? » Pas vraiment ; je parle de lever le pied ici. « J’essaye. On est parti deux semaines au Mexique avec ma famille pour mon anniversaire. » C’est déjà bien. Elle ajoute, souriante et retroussant son nez : « En fait, on a fait des tas de choses : du cheval, du kayak, du tennis… On ne peut pas juste rester là à se faire bronzer, si ? »
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