Femmes d'exception

Les réalisatrices à suivre en 2018

La réalisatrice Sofia Coppola est la première femme américaine à avoir reçu en 2010 un Lion d'or, la plus haute distinction de la Mostra de Venise, pour son film Somewhere.
Femmes d'exception

L’an passé, les femmes de cinéma ont tapé du poing sur la table pour faire entendre leurs voix et prouvé qu’elles n’avaient pas qu’un rôle à jouer à l’écran : elles sont aussi indispensables à l’économie de l’industrie. Alors que le mouvement Time’s Up prend de l’ampleur et que, sous le coup de l’affaire Weinstein, Hollywood se remet en question, il est temps que le milieu du spectacle offre enfin aux femmes la considération qu’elles méritent. Certains infatigables défenseurs de la cause féminine se battent pour que des histoires de femmes soient relayées, créant des opportunités pour elles-mêmes, ainsi que pour les générations à venir. Nous souhaitons rendre ici hommage au talent de nos réalisatrices préférées.

SOFIA COPPOLA

En 2017, Sofia Coppola est devenue la seconde femme à avoir été récompensée à Cannes pour son film Les Proies. Dans son discours, elle a cité Jane Campion et l’a remerciée d’être « un modèle et un soutien pour toutes les réalisatrices ». C’est d’ailleurs à Cannes que l’actrice principale du film, Nicole Kidman, s’est engagée à tourner dans un film dirigé par une femme tous les 18 mois, parce qu’elle estime qu’en tant que femme, il est de son devoir de soutenir les réalisatrices.

AVA DuVERNAY

DuVernay n’en est pas à son coup d’essai lorsqu’il s’agit de faire changer les choses : elle est la première réalisatrice noire à avoir été nominée aux Oscars, pour Selma, son biopic sur Dr. Martin Luther King, et la première femme de couleur à mener un projet pesant plus de 100 millions de dollars (Un raccourci dans le temps, de Disney). À son impressionnante filmographie s’ajoutent la série Queen Sugar, dont elle est productrice exécutive avec Oprah Winfrey, et un projet en collaboration avec le chanteur Jay-Z.

GRETA GERWIG

Greta Gerwing a commencé en équipe avec le cinéaste Noah Baumback, livrant de passionnants films indépendants sur des jeunes femmes à New-York (Greta y tient aussi un rôle), comme par exemple Frances Ha et Mistress America. Mais ce sont les premiers essais en solo, en tant que scénariste et réalisatrice, de Gerwing qui ont propulsé sa carrière dans les étoiles (et qui lui ont permis de récolter de nombreux prix et nominations) : le très intelligent, émouvant et sensible Lady Bird dépeint l’adolescence d’une manière pertinente et rafraîchissante.

REED MORANO

Morano a près de 20 ans d’expérience dans le milieu du cinéma, mais c’est son travail de réalisatrice pour la télévision, l’année dernière, qui a retenu l’attention de tous. Aux commandes des trois premiers épisodes de La Servante Écarlate, Morano a installé une incroyable atmosphère qui a grandement participé au succès de la série. À présent, rien ne semble pouvoir l’arrêter : trois de ses films seront prochainement à l’affiche, avec Diane Lane, Elle Fanning et Blake Lively.

HAIFAA AL-MANSOUR

Haifaa al-Mansour est la première femme saoudienne à être devenue réalisatrice. Son film sorti en 2012, Wadjda, a été encensé par la critique. Il raconte l’histoire émouvante d’une jeune fille repoussant les limites qu’on lui impose et qui est déterminée à collecter des fonds pour s’offrir une bicyclette (quelque chose de très inapproprié dans sa culture). Cette année, pour sa première création hollywoodienne, Haifaa nous fera frissonner en ramenant à la vie Mary Shelley, l’auteure de Frankenstein, avec Elle Fanning et Maisie Williams.

Ava DuVernay (au centre) sur le tournage de Selma avec Oprah Winfrey et David Oyelowo.
Dee Rees (à droite) avec Mary J. Blige sur le tournage de Mudbound en 2017.

DEE REES

Le film semi-autobiographique de Rees, Pariah, raconte l’histoire d’une jeune femme embrassant son homosexualité ; très acclamé par la critique, il a fait d’elle une réalisatrice à connaître à tout prix. Pour son téléfilm Bessie, inspiré de la vie de la célèbre chanteuse de blues Bessie Smith, elle a remporté quatre Emmy Awards. L’année dernière, elle a dirigé Carey Mulligan et Mary J. Blige dans Mudbung, puisant encore dans son histoire personnelle pour raconter, avec honnêteté et pudeur, la lutte raciale et des classes dans l’Amérique des années 40.

ANGELINA JOLIE

D’abord, ils ont tué mon père (2017), adaptation des mémoires de la cambodgienne Loung Ung, a confirmé que l’actrice Angelina Jolie était une réalisatrice au regard unique. Ce projet lui tenait particulièrement à cœur, car elle souhaitait s’y consacrer quand son fils adoptif, Maddox, lui-même d’origine cambodgienne, se sentait prêt à s’y atteler avec elle. Le jeune homme de 16 ans y est annoncé comme producteur associé.

JANE CAMPION

S’il est difficile pour une femme de voir son film financé en 2018, c’était encore plus difficile il y a 20 ans. Pourtant, avec Sweetie (1989) et La Leçon de piano (1993), la scénariste et réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion s’est distinguée par ses exploits cinématographiques. Elle a aussi récemment contribué au renouveau de la télévision avec la série Top of the Lake. « Les gens intelligents faisaient des films. Maintenant, ils travaillent pour la télé », a-t-elle déclaré au Guardian dans une interview en juillet 2017.

PATTY JENKINS

L’incroyable succès commercial Wonder Woman, le film de super-héros de Patty Jenkins, bat des records et a récolté 281 millions de dollars à travers le monde. Sa biographie brutale d’une tueuse en série, Monster, sorti en 2003, et le pilote qu’elle a réalisé pour la série The Killing, lui ont permis d’asseoir sa notoriété. En août 2017, Jenkins négociait son cachet pour la suite de Wonder Woman, dont le tournage est prévu en 2019, et qui a fait d’elle la réalisatrice la mieux payée d’Hollywood – un moment clé du combat pour l’égalité salariale.

KATHRYN BIGELOW

Bigelow reste la seule femme à avoir reçu l’Oscar de la meilleure réalisatrice pour son film sur la guerre en Irak, Démineurs. L’année dernière, elle s’est attaquée à un autre moment traumatisant de l’histoire des États-Unis : les émeutes de Détroit en 1967. Sa reproduction graphique des événements expose sans fard la brutalité des forces de police à l’époque, un sujet toujours d’actualité. Nul doute que les thèmes qu’elle choisira d’aborder dans le futur, quelle que soit leur nature, ne manqueront pas de susciter le débat.

MARIELLE HELLER

The Diary of a Teenage Girl, avec Bel Powley, Alexander Skarsgard et Kristen Wiig, a révélé au grand public la réalisatrice Marielle Heller, à l’origine comédienne – son adaptation du roman hybride (où des passages de bande-dessinée cohabitent avec le récit) de Phoebe Gloeckner a prouvé qu’elle était capable de capturer avec finesse et authenticité un point de vue féminin. Sa prochaine aventure, Can You Ever Forgive Me__? mettra en scène Melissa McCarthy dans le rôle de la biographe de célébrités Lee Israel, qui bascule dans l’escroquerie et le vol suite à l’effondrement de sa carrière.a

AMMA ASANTE

Après son film récompensé aux BAFTA, A Way of Life (sortie en 2004), la réalisatrice britannique Amma Asante a encore marqué les esprits avec le film dramatique historique Belle, à propos d’une métisse élevée dans une grande famille aristocratique anglaise à la fin du XVIIIe. Asante prépare en ce moment une histoire d’amour interraciale pendant la Seconde Guerre mondiale, Where Hands Touch. Sa sortie est prévue en 2018, et son actrice principale n’est autre que l’activiste et porte-parole de sa génération, Amandla Stenberg.

Patty Jenkins (à gauche) sur le tournage de Wonder Woman avec Gal Gadot.

Les personnes mentionnées dans cet article ne sont pas associées à NET-A-PORTER et n’en assurent pas la promotion, ni celle des produits présentés.