Cover story

Fleur Sauvage

Avec

Olivia Wilde

L’actrice américaine Olivia Wilde porte une superbe robe Roberto Cavalli

OLIVIA WILDE est tout sauf une belle plante qui n’a rien à dire. Sexisme, mariage et télé avec la très attendue nouvelle série de Scorsese, Vinyl, l’actrice se confie à MARISA MELTZER. Rencontre.

Photographe Yelena YemchukRéalisation Tracy Taylor
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Robe Alessandra Rich.

Mettre les pieds hors de sa maison à Brooklyn est devenu un challenge pour Olivia Wilde : son fils de deux ans, Otis, semble traverser une phase. « Du moment qu’on joue ensemble, tout va bien, mais la minute où il sent que je dois partir, il hurle “Maman !” comme si c’était la dernière fois qu’il me voyait », raconte l’actrice amusée. « Quel acteur il fait ! En même temps, les chiens ne font pas des chats. »

Par chance, Olivia a réussi à s’extirper pour me rejoindre au restaurant Walter’s, à Fort Greene, là où elle vit avec son fiancé depuis trois ans, l’acteur et comédien Jason Sudeikis. Va-t-il bientôt devenir son époux ? Pour l’instant, ce n’est pas la priorité. Ayant tous deux déjà été mariés, ils ne sont pas pressés, dit-elle, ses grand yeux verts agités, ajoutant : « Il y a une réelle connexion entre nous. Avant d’avoir un enfant, le mariage est l’engagement ultime qui unit un couple, mais une fois que les sont enfants là, c’est comme si les choses étaient déjà bel et bien scellées, non ? »

“La presse donne à l’allaitement une connotation sexuelle, en fait une pratique taboue

Malgré lui, et à cause des photos qu’Olivia a postées sur les réseaux sociaux le montrant nu ou nourri au sein (lors d’un shooting pour le Glamour américain), Otis a bizarrement fait les choux gras de la presse people. « D’une certaine façon, ça permet d’affirmer ma position sur le sujet et de voir la réaction des gens », dit-elle. Elle ne comprend pas ce qui est choquant dans tout ça, et ne va pas se censurer pour autant. « Je ne pensais pas que l’allaitement était une pratique taboue ; de voir que la presse en fait quelque chose de sexuel, ça c’est dérangeant. »

Dire haut et fort ce qu’elle pense n’est pas un problème pour Olivia Wilde, dont le choix du nom de scène s’est fait à l’adolescence, en hommage à Oscar Wilde. Sa beauté a longtemps fait couler de l’encre – belle, elle l’est, c’est indéniable – mais, après s’être entretenue avec elle, alternant entre histoires drôles et sujets plus sérieux comme la politique à Haïti, il est clair que son esprit vif et ouvert est son plus gros atout.

Aujourd’hui, c’est un projet d’envergure qui l’attend. L’actrice de 31 ans sera bientôt à l’écran dans l’une des séries télé les plus attendues de l’année, Vinyl, relatant l’histoire de l’industrie du disque dans le New York des années 70 (avec son lot de sexe, drogues et rock’n’roll), produite par Martin Scorsese et Mick Jagger. Olivia n’a pas hésité une seconde avant d’accepter.

« Scorsese donne cette impression d’être un étudiant en cinéma qui fait un film pour la première fois, dit-elle. Il est vraiment conscient du luxe qu’est le fait de faire un film, et cela déteint sur tout le monde. »

Elle joue Devon Finestra, une mère et épouse qui s’ennuie et pense aux années où elle était mannequin et fréquentait la célèbre Factory, QG mythique d’Andy Warhol. La mode est aussi importante que la trame. Le pilote de la série n’a été tourné que quelques semaines après la naissance d’Otis ; Olivia y apparaît donc dans une collection de sublimes cafetans, errant dans la maison de banlieue du personnage. Les épisodes qui ont suivi la voient abandonner son image hippie pour de sensuelles tenues vintage signées Ossie Clark et Halston.

Robe Tibi ; bague Charlotte Chesnais ; bracelets Suzanne Kalan.

“Scorsese est vraiment conscient du luxe que faire un film représente et cela déteint sur tout le monde

Robe Burberry Prorsum ; bague Arme de L'Amour.

Si Otis a hérité des qualités artistiques de ses parents (son nom vient bien sûr d’Otis Redding), Olivia a peut-être développé sa curiosité naturelle et son franc-parler grâce aux siens, tous deux journalistes – sa mère était productrice sur l’émission d’information américaine 60 Minutes. Après une enfance passée à Washington D.C. et une scolarité dans un pensionnat du Massachusetts, Olivia se retrouve à travailler sur des castings avant de percer en tant qu’actrice, avec de petits rôles dans des séries telles Newport Beach et Dr House, aux côtés de Hugh Laurie qui est l'être « le plus gentil, le plus pro et le plus drôle » à ses yeux. S’ensuivent des rôles dans des films indés, dont Her and Drinking Buddies (pour lequel elle est productrice déléguée), puis, plus récemment, dans Meadowland – une autre production à son actif – où elle campe le personnage d’une mère dont l’enfant disparaît.

Meadowland a été une expérience qui a compté son lot d’obstacles auxquels, en tant que productrice, Olivia a dû faire face lors de sa recherche de financements. « J’ai beaucoup entendu : “Revenez nous voir quand le projet sera bien ficelé”, ce à quoi je répondais : “Mais il l’est : on a un réalisateur, les acteurs et un script.” Leur réponse était toujours qu’il manquait un homme dans tout ça. »

Le sexisme, malheureusement, est une réalité à Hollywood, confirme-t-elle. « C’est institutionnel, les gens n’en sont même pas conscients. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils disent, hommes et femmes confondus, et, en l’absence d’un représentant mâle, ils pensent que le projet est incomplet. »

Un changement se profile néanmoins à l’horizon. « À présent, certains disent qu’il faut des femmes, car justement ce sont des femmes et, bien qu’encore dérangeant, c’est là que le changement commence. Plus jeune, il me semblait que ma seule qualité était d’être une de ces actrices jolies, chose très réductrice. Mais ça s’est estompé, et je suis soulagée d’avoir pu faire ma place sans que cela soit mon unique valeur ajoutée. »

“Pour qu’un projet ait l’air bien ficelé, leur réponse était toujours qu’il manquait un homme

La beauté figure bien au bas de la liste des qualités de l’actrice ; voici une femme aux convictions affirmées, forte, copropriétaire d’un bar tenu secret à L.A., qui fait du volontariat pour la cause haïtienne depuis 6 ans et qui a racheté les droits d’un livre qu’elle adaptera au cinéma.

Non moins sans mal, elle pense que l’idée de la jeune ingénue a fait son chemin et cite Juno Temple, sa partenaire dans Vinyl : « Elle a toujours été entière sans jamais essayer d’être une autre. » Cette admiration s’applique aussi à Lena Dunham et Emma Watson pour leur talent et leur sens politique. Quant à Jennifer Lawrence, c’est « l’exemple même d’une beauté cérébrale tout feu tout flamme ».

« Les médias choisissent toujours un élément qu’ils nous collent comme une étiquette : la mère, l’intello, ou encore celle qui est vraiment très jolie. Mais, conclue-t-elle, nous sommes toutes ces choses à la fois. » Dans son cas, c’est on ne peut plus clair.

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