Et Dieu créa Kate Moss
Avec
Kate Moss

On ne peut s’empêcher de l’admirer, de rêver de l’avoir comme copine et, surtout, de copier son style. Cela est à présent une réalité grâce sa toute nouvelle collection. AJESH PATALAY l’a rencontrée.
Il est rare que Kate Moss donne une interview. La faute à Johnny Depp, son boyfriend à une époque, qui lui a conseillé de ne jamais rien dévoiler – moins tu en dis, mieux tu te porteras. L’ironie de la chose est que Kate aime vraiment parler. En fait, c’est la raison pour laquelle elle fuit les interviews, « parce que je parle trop », dit-elle. Son débit de parole est fulgurant, ponctué d’anecdotes personnelles. Aujourd’hui, elle évoque l’une d’entre elles avec Prince : « J’étais très impressionnée quand je l’ai rencontré, commence-t-elle. Ça s’est passé dans la suite de Donatella Versace ; j’étais allongée sur son lit, et elle n’arrêtait de parler de lui, jusqu’à ce que je dise “Mais c’est quoi cette obsession avec Prince ?” Et elle répond “C’est parce qu’il est là !”. Je me suis retournée et il était assis à l’autre bout du lit. Je n’y croyais pas, j’étais tétanisée. Et puis je lui ai lancé : “Tu devrais t’acheter une de ces combis, elles sont sublimes !” Je portais cette combi-pantalon recouverte de sequins, vous voyez laquelle ? »
Certains d’entre vous sont probablement en train de faire une recherche sur internet, mais la plupart sauront exactement de quelle combi il s’agit. C’est l’effet Kate Moss : cela fait des années que l’on scrute son style, et ce, dans les moindres détails, dans l’espoir de maîtriser les codes de sa coolitude vestimentaire. En plus de ladite tenue, il y aussi ses looks casual, à l’origine de bien des tendances à l’instar de ses looks pour le festival de Glastonbury avec ses gilets, ses ceintures, ses chemises portées comme des robes et ses bottes de pluie – seule Kate pouvait les rendre aussi désirables.
“J’étais tétanisée. Je lui ai lancé : ‘Tu devrais t’acheter une de ces combis, elles sont sublimes !”
Pour notre entretien, le top est habillé dans ce qu’elle s’amuse à appeler son « uniforme pro » : jean skinny noir, blouson aviateur noir sur les épaules, haut noir, bottes noires, sac et solaires noirs. « Aucune envie de passer des heures à savoir quoi mettre, dit-elle de son look de la journée. Le soir, c’est une toute autre histoire. »
Elle a beau ne pas vouloir passer de temps à s’habiller au quotidien, il n’en reste que, pour nous, un tel look est déjà au summum du style. C’est pourquoi l’idée même d’une collaboration avec une marque aussi cool que la griffe française Equipment, comprenant certains des imprimés stars de Kate – éclairs, étoiles, léopard – nous emplit de bonheur.
« C’est le genre de choses que je porte, explique Kate. J’ai beaucoup mis de chemises Equipment parce que mon mari Le musicien Jamie Hince du groupe The Kills, bien qu’on les dise séparés en avait et que je les lui piquais. C’est comme ça que je vois la mode ; quand on enfile un chemisier en soie et que s’y sent tout de suite bien. Il y a un côté à la fois garçon manqué et sexy, et c’est ce que j’aime porter le jour. »
À présent, Kate s’est mise à entreposer ses vêtements – de véritables pièces de collection. « C’est un endroit secret », confie-t-elle. Où ? « Si je vous le dis, on risque de me cambrioler. J’ai appris que les Rolling Stones ont aussi archivé leurs tenues quelque part, et que même leurs enfants ne savent pas où ! » Dans un entrepôt ? « Mais non, dit-elle, rieuse. En plus, j’ai perdu pas mal de choses au fil des années. » Et qu’en fera-t-elle ? « Je les garde pour ma fille Lila Grace, 13 ans, qu’elle a eue avec Jefferson Hack, le co-fondateur de Dazed Media. Je lui ai achetée une robe d’Ossie Clark, celle que Twiggy portait sur ce shooting réalisé par Richard Avedon, en mousseline blanche ornée de fleurs. Mais elle n’aime rien en ce moment. Je croise les doigts pour que la situation change ! »
“Avec les artistes, il s’agit plus d’être une oreille privilégiée et d’entendre des choses dingues”
La campagne pour la ligne de Kate pour Equipement a été photographiée dans sa maison des Cotswolds où elle se rend tous les week-ends. (« Avoir cet espace et pouvoir en profiter sans qu’il y ait des gens autour, c’est fabuleux. ») On peut y voir aussi son amie Susie Bick et sa filleule, Ella Richards, 20 ans, la fille de Lucie de la Falaise et Marlon Richards.
« Je l’adore ! Maintenant, c’est elle qui vient à mes soirées, et pas ses parents. Elle reste chez moi et eux se demandent ce qu’elle y fait. Elle s’éclate, je leur réponds, c’est tout. Si elle n’a rien à se mettre, je lui prête une de mes paires de chaussures. On fait la même pointure, c’est parfait. » Kate, marraine : le rêve, non ?
« Mais j’y veille constamment, précise-t-elle. Avec autant de filleuls, je suis une véritable mama. Et je suis stricte, mais ça ne leur déplaît pas, je pense. Lila dit toujours que je suis plus stricte que les autres parents. » Doit-elle insister pour qu’elle fasse ses devoirs ? « Non, elle sait comment je suis, et ça, elle s’y met toute seule. Sinon je lui lance ce regard– elle relève ses lunettes de soleil et me regarde droit dans les yeux – et je n’ai rien à ajouter. Il faut se faire respecter. Les filles, faut les intimider un peu, sinon elles prennent le dessus. » Et les garçons ? Aimerait-elle en avoir un un jour ? « J’aime beaucoup les garçons », lance-t-elle, avant de préciser qu’elle adore les enfants, tout simplement. « Les adultes peuvent être si ennuyeux… »
Pas elle dans tous les cas. Ce n’est pas un adjectif qu’on utiliserait pour Kate Moss. Malgré une vie au rythme effréné, je ne mets pas sa parole en doute lorsqu’elle dit : « Je pense être normale. Tous ces gens qui disent que je vis sur une autre planète, je ne comprends pas. » À vrai dire, on ne peut guère être plus normale. Bien que sublime sur papier glacé, sa beauté est plus subtile en personne. Toujours partante pour rigoler ; pas de manières ni de comportement de diva. Sa seule demande sur le plateau : un repas McDo au lieu du lunch healthy que nous avions organisé pour l’équipe. « Un cheeseburger/frites. Les légumes, je ne peux pas au travail. »
“J’adore les comédies et l’autodérision. Être sérieuse tout le temps, ce n’est pas moi”
Inutile de dire que Kate aime s’amuser. « J’adore regarder des films comiques et me moquer de moi-même, dit-elle. Je n’ai aucun problème avec ça. Être sérieuse tout le temps, ce n’est pas moi. » Rien donc de surprenant à ce qu’elle ait accepté de faire une apparition dans le film Absolutely Fabulous. « Se retrouver dans la même pièce avec les personnages Eddie et Patsy, et Saffy et Bubbles ; le rêve. C’était de bon matin et Eddie sortait des bouteilles de champagne pour moi, du vrai champagne. Elles m’ont dit : ‘D’habitude, c’est du soda, mais pour toi, on fait une exception !’ »
En regardant la bande annonce, on sait déjà que Kate atterrit dans la Tamise. Ça, je ne lui envie pas.
« Oui, mais Lulu l’a fait avant moi, et Bubbles aussi. C’est drôle car on s’afférait autour de moi avec des lingettes antiseptiques et moi qui leur disais, “C’est bon, ça va, ce n’est pas la première fois”. 25 ans dans le mannequinat, vous pensez bien que j’en ai vu d’autre. »
Après un quart de siècle au top, Kate Moss a d’autres idées en tête, comme un futur projet avec le photographe de guerre Don McCullin. « Il n’a jamais shooté de mannequins », dit-elle, enthousiaste. « C’est une légende. J’ai hâte d’écouter ses histoires. Je lui ai demandé si on pouvait faire les portraits sur plusieurs week-ends car j’ai vraiment envie de le connaître. Tout comme ça s’est fait avec Lucian Freud, qui l’a peinte nue lorsqu’elle était enceinte. J’ai pu vraiment découvrir le personnage ! Neuf mois durant. C’est l’avantage de pouvoir rencontrer de tels artistes. C’est au-delà du travail ; il s’agit plus, pour moi, d’être une oreille privilégiée et d’avoir cette chance incroyable de s’asseoir là, avec eux, et d’entendre toutes ces choses dingues. Mais Lucian ne pouvait pas peindre et parler en même temps, alors je lui lançais : ‘Luc, tu parles trop !’ »
“David Bowie fait partie de ceux qui font confiance et se foutent de ce que disent les autres”
Cela nous amène à autre légende, de la musique cette fois-ci, qui a souvent influencé le style de Kate.
« Quel choc. J’ai toujours du mal à y croire », dit-elle au sujet de la mort de son ami David Bowie. « Je ne l’avais pas vu depuis un moment, mais il n’oubliait jamais mon anniversaire ; ces dernières années, il avait pris l’habitude de m’envoyer un petit message. » Deux jours avant sa disparition, nous raconte-t-elle, « je portais des bottes violettes façon Ziggy Stardust à un dîner et quelqu’un m’a fait remarquer que c’était l’anniversaire de Bowie. Alors je lui ai envoyé une vidéo de moi cachée derrière une feuille de papier sur laquelle était écrit ‘Happy Birthday DB’. Je ne sais pas s’il l’a reçue. »
Quel genre d’ami Bowie était-il ? « Il a toujours été là pour moi, explique Kate. Tout comme Lee Alexander McQueen. Des gens qui vous font confiance et qui se foutent de ce que les autres disent sur vous. S’il lisait ou entendait un truc sur moi, il m’appelait. Quand Bowie est de ton côté, ça fait tout de suite du bien : “Bowie, lui, m’aime, alors ce que les autres pensent.”»
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