Croire en ses rêves
Avec
Busy Philipps

Comment BUSY PHILIPPS est-elle parvenue, d’actrice à la carrière ralentissante, addict à Instagram, à devenir l’une des seules femmes à posséder sa propre émission télévisée en primetime ? Elle confie son secret à JENNIFER DICKINSON.
Busy Philipps est probablement la reine de la représentation mentale. L’émission diffusée sur la chaîne E!, qu’elle a lancée un peu plus tôt cette année, fait figure d’exception dans le paysage télévisuel américain ; elles ne sont en effet que quatre femmes à animer leur propre show durant l’horaire de soirée sur les principaux canaux états-uniens. Mais à en croire l’actrice, phénomène des réseaux sociaux et auteure, c’était un pari gagné dès lors que l’idée s’est imposée à elle. « Je célébrais le cinquantième anniversaire de mon manager à Palm Springs et, pompette, je me suis tournée vers Marc (Silverstein, son époux depuis onze ans) et lui ai dit “Je sais ce que je dois faire. Je suis faite pour être une figure de la télévision nocturne” ». Enfin, en réalité, j’ai plutôt déclaré “Je serai la première femme à animer le Tonight Show”, mais il m’a répondu “C’est déjà le travail de Jimmy Fallon, peut-être que tu devrais plutôt avoir ta propre émission”».
Aujourd’hui, Busy, âgée de 39 ans, nous rejoint pour notre entretien matinal après avoir assisté à son cours de sport habituel à Los Angeles, puis avoir croisé par hasard l’actrice Gillian Jacobs dans une boutique de produits de beauté. Ou tout du moins, c’est l’histoire que raconte sa story Instagram, et cela reflète parfaitement la formule magique de son profil, si populaire sur le réseau social : un délicieux mélange de quotidien terre-à-terre et d’une bonne dose de glamour hollywoodien. Elle est vêtue de sa tenue de fitness, rayonne sans maquillage aucun, et est parfois distraite par les alertes qui se manifestent constamment sur l’écran de son smartphone : une avalanche d’éloges de la couverture de son autobiographie, fraîchement publiée en prévente il y a une heure de cela (This Will Only Hurt a Little sera disponible le 16 octobre).
« Je me suis tournée vers MARC (Silverstein, son époux depuis onze ans) et lui ai dit “Je SERAI la première FEMME à animer le Tonight Show” »
D’emblée, il est évident que ce qu’elle qualifie de « persévérance, détermination et motivation » comptent parmi ses qualités principales. Elle ne cède pas à l’insécurité. « J’ai toujours fonctionné comme cela : je vois quelque chose et je décide que c’est ce que je veux », dit-elle en haussant les épaules. Nous en sommes intimement convaincus après avoir passé seulement cinq minutes en sa compagnie, mais elle cite des exemples, preuves s’il en fallait : « Je suis retournée à mon agence une semaine seulement après avoir donné naissance [à Birdie, sa fille aînée aujourd’hui âgée de sept ans sa seconde fille Cricket, elle, a cinq ans] et leur ai dit : “Écoutez, la saison des pilotes va débuter, donc je veux que vous m’envoyiez tous ceux d’une demi-heure filmés par une seule caméra, mettant en scène une célébrité, qui seront probablement produits, et dans lesquels mon personnage peut être numéro deux ou trois sur la feuille de tournage”. Ils m’ont envoyé le script de Cougar Town avec Courteney Cox et j’ai décrété “Oh, c’est celui-ci qui m’est destiné”. Marc a tempéré “Du calme, tu n’as même pas encore passé d’audition”, mais j’ai réclamé plus de détails ! ».
« Je ne me suis jamais sentie SOUTENUE sur les shootings, j’avais le sentiment que les gens souhaitaient photographier une personne que je N’ETAIS PAS. J’ai toujours eu l’impression qu’en réalité, ils voulaient que je ressemble à Tara Reid ».
Converser avec Busy Philipps donne peu ou prou l’impression de boire un café avec un prêtre évangéliste : il n’est pas toujours chose facile de glisser un mot dans la conversation, mais ses histoires sont prononcées avec tant de verve que l’on réalise rapidement que c’est sans importance. Elle diffère aussi de la plupart d’entre nous dans le sens où elle semble totalement heureuse et en phase avec elle-même… Ou tout du moins, donne le change de façon très convaincante. L’on ne dénote aucun signe d’irritation, de malaise ni de méfiance, tant d’éléments qui peuvent vous mettre en péril lorsque vous prévoyez de poser toutes sortes de questions, qu’elles soient ou non les bienvenues.
Il en était de même hier lorsqu’elle est venue sur notre plateau pour découvrir que les pièces qu’elle porterait étaient pour la plupart des sous-vêtements et des robes (apparemment, quand elle n’a pas réussi à ouvrir le fichier des inspirations la veille de la séance de photographie, elle s’est dit que cela ne pouvait pas être si terrible que cela). Sa réaction ? Un haussement d’épaules, un « Okay » suivi de « Puis-je faire un masque pour le visage avant ? ». La voilà prête à se dénuder à demi devant des étrangers, et ce sans avoir préalablement jeûné en ne sirotant que des jus de fruits, car elle n’a tout simplement rien à cacher.
Cependant, elle n’a pas toujours été à l’aise avec son corps. “Quand je faisais des shootings à la fin des nineties et au début des années 2000, tout ce qu’on me proposait, c’était des vêtements taille mannequin dans lesquels je ne rentrais pas, et j’avais l’impression d’être un poids pour le styliste, j’étais embarrassée », confie Busy Philipps. « Je ne me suis jamais sentie soutenue sur les plateaux, j’avais le sentiment que les gens souhaitaient photographier une personne que je n’étais pas. J’ai toujours eu l’impression qu’en réalité, ils voulaient que je ressemble à Tara Reid ».
Les shootings de mode sont tout simplement l’un des moyens qu’emploie Hollywood pour vous faire perdre votre confiance en vous. Le processus d’audition est connu pour être brutal et Busy n’est pas préparée à s’y confronter de nouveau. « Jouer la comédie est exténuant et vous brise le cœur, et je suis convaincue que les choses deviennent de plus en plus difficiles pour tout le monde », déclare-t-elle. « Je crois que des années durant j’ai essayé de correspondre aux normes auxquelles je pensais devoir correspondre afin d’obtenir des rôles. Les carrières de mes amis ont atteint des degrés de célébrité différents, cependant, leur parcours n’a jamais été un long fleuve tranquille.
Cela a dû être incroyable, alors, de découvrir que jusqu’à présent, sa plus grande peur n’a pas découlé d’un rôle, mais du fait d’être elle-même. Elle dévoile tous ses faits et gestes sur Instagram, de son opération nasale aux gâteaux confectionnés pour les anniversaires de ses enfants, et la plateforme semble s’être parfaitement acclimatée à l’authenticité débridée de Busy. « Depuis un an et demi, je me sens beaucoup plus libre. Grâce à Instagram, je peux créer du contenu pour moi-même et divertir d’une façon qui m’avait été jusqu’à présent impossible, voire interdite. Je descends d’une longue lignée d’auteurs et j’ai toujours été attirée par l’écriture (Busy Philipps a co-écrit le scénario de Blades of Glory de Will Ferrell), mais lorsque j’ai débuté dans ce milieu, la possibilité de porter plusieurs casquettes n’existait pas vraiment. J’aurais aimé avoir eu l’intuition de créer mes propres projets plus tôt, mais je n’avais tout simplement pas réalisé que cette opportunité allait se présenter. »
Son approche décomplexée des réseaux sociaux concerne tous les domaines, de l’abondance avec laquelle elle transpire à la gym à la faiblesse qu’elle reproche aux magazines de divertissement lorsqu’ils effectuent des sondages auprès d’un panel composé d’une seule femme pour dix hommes. « @Variety, à quel point êtes-vous sourds et aveugles ? UNE SEULE FEMME ? J’ai honte pour vous », a-t-elle apostrophé sur Twitter le mois dernier.
« Jouer la comédie est EXTÉNUANT et vous BRISE LE CŒUR, et je suis convaincue que les choses deviennent de plus en plus DIFFICILES pour tout le monde »
Les inégalités entre les sexes sont son cheval de bataille. Pour son émission Busy Tonight sur E! (son prénom est une bénédiction puisque « busy » signifie « occupé » en anglais), elle met un point d’honneur à ce que de nombreuses femmes se joignent à elles dans les coulisses de la préparation, et elle tenait à ce que ce soit l’une d’entre elles (Autumn de Wilde) qui immortalise son portrait pour la couverture de son livre. « Pendant une éternité, j’ai voulu être perçue comme une fille cool », confie-t-elle, « le genre tête brûlée qui traîne avec les garçons, ce qui m’a souvent valu d’être traitée comme un objet, brutalisée parfois, d’être celle qui doit rire aux blagues dont elle est le sujet. Mais il y a quatre ou peut-être cinq ans, à la naissance de Cricks, j’ai décrété “m***, c’est terminé, tout ça !”»
Hollywood a connu un tournant l’année dernière en tentant de faire la lumière sur des injustices, d’exposer des tabous au grand jour, cependant il reste beaucoup de chemin à parcourir, reconnaît Busy Philipps. « Il n’y a pas longtemps de cela, j’ai été confrontée à une situation délicate avec un acteur sur un tournage », cite-t-elle en exemple. « C’était absolument sidérant, et la façon dont les choses ont été prises en main a été consternante : personne n’a rien fait. La faute à ce fichu code masculin. Mon mari étant un féministe chevronné doublé d’un homme déterminé, nous discutons beaucoup de ce sujet, et je lui ai posé la question suivante : “Si tu travaillais avec des collègues masculins et que tu remarquais qu’ils se comportaient avec une femme comme s’il s’agissait d’un objet, leur ferais-tu une remarque ?” Naturellement, sa réponse a été affirmative, cependant je n’ai aucune garantie que les choses se dérouleraient ainsi.
L’on ne peut pas s’empêcher de se sentir touché par la relation de Busy Philipps et Marc Silverstein : leur appréciation mutuelle est évidente. « Lorsque j’avais une vingtaine d’années, j’ai vécu un chagrin d’amour dévastateur », confie-t-elle. « Dès que j’ai rencontré Marc, nous nous sommes vraiment bien entendus, et j’ai tout de suite su que notre lien serait très fort. D’ailleurs, je ne suis jamais suspicieuse quand des couples décident de se fiancer ou de se marier rapidement, car j’estime que c’est une envie naturelle. Marc et moi avons patienté deux ans, mais j’aurais probablement pu l’épouser immédiatement. »
« Lorsque j’ai débuté dans ce milieu, la POSSIBILITÉ de porter plusieurs casquettes n’existait pas vraiment. J’aurais aimé avoir eu l’INTUITION de créer mes propres PROJETS plus tôt. »
Le moment pour Busy de nous quitter est presque arrivé, mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de lui poser la question qui nous brûle les lèvres, à savoir laquelle des séries télévisées dans lesquelles elle a joué est selon elle la meilleure : Freaks and Geeks, Cougar Town ou, bien sûr, Dawson. « Freaks and Geeks est indéniablement un classique, répond-elle. En seconde position, je choisirais Cougar Town. Je n’ai jamais regardé Dawson. Ni au moment du tournage, ni ensuite, c’est pourquoi que je n’y suis pas attachée comme bon nombre de personnes le sont. »
Néanmoins, cette série lui a permis de construire l’amitié particulière et à toute épreuve qu’on lui connaît avec Michelle Williams. « Je trouve cela fascinant que [notre] amitié soit devenue comme mythique à la suite de Dawson », songe-t-elle. « Nous avons partagé peu de scènes car les personnages de Jen et d’Audrey étaient loin d’être des amis. Mais lors de la dernière saison, certaines scènes nous ont réunies, et ce dans le seul but de nous faire plaisir. »
Récemment, un caissier a gardé sa monnaie en otage, jusqu’à ce qu’elle accepte de lui promettre qu’une réunion des anciens acteurs de Dawson aurait lieu. « Je lui ai dit “Très bien. Ça n’arrivera pas, mais allez-y, continuez”. On la croit volontiers : elle sera bien trop « Busy » pour cela.
Parlons beauté
Beauty addict auto-confessée, Busy Philipps partage dans cette vidéo ses astuces pour prendre soin de son visage. Et nous raconte également cet épisode mémorable où les choses ne sont pas déroulées comme elle l’aurait souhaité…
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