Cover story

Gwyneth 2.0

Avec

Gwyneth Paltrow

L'actrice Gwyneth Paltrow, splendide dans ce shooting photo

Si elle a connu le succès en tant qu’actrice, c’est le rôle de fondatrice du site lifestyle Goop que GWYNETH PALTROW préfère. Elle se confie sur ses erreurs passées et nous dit pourquoi le « conscious uncoupling » en vaut la chandelle. SANJIV BHATTACHARYA l’a rencontrée.

Photographe Chris CollsRéalisation Tracy Taylor
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Combi-short Madewell ; boucles d’oreilles Jennifer Fisher ; bracelet Jemma Wynne

Pourquoi Gwyneth Paltrow attise-t-elle autant les passions ? C’est la question que nous abordons ce matin, Mlle Paltrow et moi, dans une sublime villa de Malibu, à quelques mètres de la plage.

« Il y a plusieurs explications, dit-elle. On me laissait tranquille quand j’étais actrice, mais avec Goop, aux yeux des gens, c’était trop. Les femmes en prennent vraiment pour leur grade, surtout quand elles ont du succès et sont jolies. » Elle se reprend aussitôt. « Je ne dis pas que je suis jolie. Je voulais dire lorsqu’on est jugée comme telle », et rit. C’est donc ça ; les mots parfois, lui échappent.

On a tous entendu ces bouts de phrases – « Je préfèrerais fumer du crack que manger du fromage en conserve » ou « Qui peut vivre sans mayonnaise végétalienne ? » – qui, hors contexte et sans ce second degré qui la caractérise en personne, semblent complètement surréalistes. Un jour, elle décrivait un article cinglant sur elle comme « déshumanisant… Un peu comme en temps de guerre, quand la vue d’une personne blessée ne fait plus rien… » Évidemment, elle ne se comparait pas aux victimes, mais c’est ainsi que cela a été interprété.

« Ça endurcit, conclut-elle. Mais il ne s’agit pas de moi, mais de ce que je représente. C’est comme un transfert. Et ça ne vous atteint que lorsque vous avez déjà ces pensées sur vous-même. Alors, lorsqu’une remarque me blessait, je me disais, “Est-ce que je me vois comme ça ?” J’en ai tiré des leçons.

Les critiques ont véritablement commencé quand Gwyneth, 44 ans, lance en 2008. À l’époque, c’est juste une newsletter de recommandations adressée à ses amies, rien de plus : où aller pour manger, faire du shopping, se faire épiler. « C’était surtout pour que mes copines arrêtent de me harceler », rit-elle.

“On me laissait tranquille en tant qu’actrice, mais avec Goop, aux yeux des gens, c’en était trop

Aujourd’hui, elle dirige 75 personnes, avec des bureaux à Santa Monica et New York. Au-delà des recettes et des bonnes adresses, c’est un e-shop et une marque comprenant Goop fashion, beauté et bien-être. On le devine, il reste à présent très peu de place pour le cinéma. Même pas pour reprendre le rôle de Pepper Pots dans The Avengers ? « Là, je ne peux rien dire », sourit-elle.

Tourner le dos au 7ème art a été chose facile. « Faire film après film de 20 à 30 dans m’a lessivé ! » Elle profite d’être enceinte de sa fille Apple (dont le père est son ex-mari, Chris Martin, le chanteur de Coldplay ; ils ont aussi un fils, Moses, 11 ans), pour faire un break, et c’est là que les idées germent. Sa newsletter évolue – et elle aussi. Un véritable baptême du feu, entre les critiques au vitriol et les écueils à éviter, elle qui n’avait jamais géré une entreprise auparavant.

« Mon identité, c’était d’être actrice, dit-elle. Sans ça, qui suis-je ? Il y a eu cette période durant laquelle je ne jouais pas et Goop n’était pas encore prospère. J’avais peur du vide, de n’arriver à rien. »

Cette perspective avait réellement de quoi effrayer celle qui a accompli tant de choses incroyables. Gwyneth fait partie de cet infime pourcentage qui a réussi à conquérir Hollywood – et quel succès ! Son parrain, Steven Spielberg, lui offre son premier rôle ; elle gagne un Oscar à 26 ans ; un Emmy à 39 ; partage sa vie avec Brad Pitt puis Ben Affleck ; et compte Jay Z et Beyoncé parmi ses amis. Ainsi, pour ce projet, elle s’entoure des meilleurs – facile quand on a déjà organisé chez soi un dîner caritatif pour le Président Obama.

Chemise The Great ; haut de bikini Fella ; bracelet Jemma Wynne ; bague Chloé.

“J’ai eu une vie incroyable… Pleine de succès, de joie, mais aussi de douleurs

« Peu avant notre séparation, Chris m’a dit, “Tu vas sans doute vouloir retourner chez toi.” Je crois qu’il avait également besoin de changement. On avait tous les deux des envies de soleil. »

Si Londres lui manque beaucoup – « son mix parfait entre ville et campagne. », Los Angeles. ne manque pas d’atouts, surtout dans son quartier de Brentwood, au bord de l’océan. « Il y a vingt ans, c’était très showbiz, rien d’autre. Aujourd’hui c’est plus arty, vivant – une vraie renaissance. »

Pull Equipment ; boucles d’oreilles Jennifer Fisher.
Robe Chloé.

“Est-ce forcément la faute de l’autre et pas la mienne ? Pourquoi ne pas penser d’abord aux enfants ?”

Paltrow mène la vie bien réglée d’une mère qui travaille. Moins de voyages et de paillettes aussi, et une célébrité moins envahissante depuis sa prise de distance avec le show business. En tant qu’égérie de Goop, elle apparaît sur le compte Instagram, le blog et les séries mode de la marque, mais cela aussi, va ralentir. « Pour que la marque se développe, elle doit moins dépendre de mon nom », dit-elle. Par chance, les paparazzi la poursuivent moins : « Il y a ces nouvelles lois qui visent à protéger les enfants. Je les amène partout où je vais– ce sont mes boucliers ! »

Parler de ses enfants n’est pas un problème, Apple, 13 ans, est déjà une ado : « Ça va trop vite ! » Mais cette période ne l’inquiète pas plus que ça. « Mes enfants sont habitués à gérer cette attention constante. Ils savent la chance qu’ils ont. Et les filles d’aujourd’hui ont plus confiance en elles et s’aiment davantage. Je vois bien qu’avec ses copines elles n’ont plus les mêmes doutes que moi à leur âge. »”

Chemise de pyjama (vendu comme ensemble) Goop ; short Madewell ; bracelet Foundrae.

Vis-à-vis des difficultés qu’elle a pu rencontrer, Gwyneth ne changerait rien : « Tout ce que j’ai vécu m’a amené là où j’en suis, et le présent est génial. » Bien que sa vie semble parfaite, elle a eu son lot d’adversité – et ne s’en cache pas. La mort de son père le réalisateur et producteur Bruce Paltrow l’a dévastée ; lui qu’elle appelle “l’amour de ma vie”. Et son divorce, « si douloureux et triste. » Car les mariages durent dans sa famille et elle n’imaginait pas que le sien ferait exception à la règle.

« J’ai eu une vie extraordinaire, au cours de laquelle tout m’est arrivé de façon incroyable – incroyable succès, incroyable bonheur, mais aussi d’incroyables douleurs, explique-t-elle. Et je crois que si je suis heureuse aujourd’hui, c’est parce que j’ai su tirer le meilleur de toutes ces opportunités, tout en apprenant de chaque erreur commise au passage. Les obstacles ne me font absolument plus peur. »

L’une de ses plus grandes blessures demeure sa séparation, sans aigreur (on se souvient du fameux « conscious uncoupling » que le couple avait utilisé pour annoncer leur rupture), avec Chris Martin – ce qui lui a valu une pluie de critiques. « J’ai voulu que mon divorce se passe sans heurt, dit Gwyneth. Doit-on forcément en vouloir à l’autre, ne suis-je pas responsable moi aussi ? Ne pourrais-je pas penser à mes enfants d’abord, me rappeler des choses que j’ai aimées chez mon ex-mari, et garder intacte notre amitié ? Vous ne pouvez pas imaginer combien cela a été compliqué pour en arriver là. »

Pour l’heure, elle file le parfait amour avec le réalisateur et producteur Brad Falchuk. Et pour ce qui est de Chris Martin, ils sont restés en très bons termes. C’est peut-être donc la preuve que le « conscious uncoupling » marche après tout ? « Les gens ont changé d’avis sur le sujet, lance-t-elle. Cette expression a quelque chose de nul, mais l’état d’esprit qu’elle décrit vaut vraiment la peine. On me reproche toujours tout, et puis après, on se dit que c’était peut-être une bonne idée. Mais ce n’est pas grave, s’exclame-t-elle, se levant, avec un sourire. Une fois qu’on a compris qu’on n’a pas besoin des autres pour se sentir bien, la vie n’en finit plus d’offrir des possibilités insoupçonnées. »

Les personnes mentionnées dans cet article ne sont pas associées à NET-A-PORTER et n’en assurent pas la promotion, ni celle des produits présentés.