Rebelle au grand cœur
Avec
Felicity Jones

Déjà lorsqu’elle était enfant actrice, FELICITY JONES était surnommée « petite guerrière » grâce à son esprit combatif. L’actrice raconte à SARAH BAILEY comment elle a cultivé son côté rebelle, survécu à un accident de montgolfière avec Eddie Redmayne, rencontré l’amour dans un ascenseur, fait la fête toute la nuit, et qu’elle rêve aujourd’hui d’interpréter Hamlet à sa manière.
« J’aime que les choses aient un esprit un peu punk », déclare Felicity Jones avant d’avaler une gorgée de thé à la camomille. En cet après-midi pluvieux, nous nous retrouvons dans un studio photo du nord de Londres et discutons de son goût un brin punk pour choisir ses rôles, ses scénarios… Et ses chaussures. Elle me montre alors ses rangers sur lesquelles elle vient juste d’enfiler des lacets en velours. « Mes amis les surnomment mes “patins à glace victoriens punk” », dit-elle en s’esclaffant.
Felicity Jones apporte effectivement son esprit rebelle à son nouveau rôle dans The Aeronauts, drame victorien sur le thème des montgolfières, aux côtés d’Eddie Redmayne, son ami et précédemment partenaire à l’écran dans le film Une merveilleuse histoire du temps. Elle incarne le personnage d’Amelia Wren, un rôle inspiré de la vie trépidante de Sophie Blanchard : « Une aérostière à l’esprit très libre. Elle aimait voler de nuit et tirer des feux d’artifices à partir de la nacelle, un vrai casse-cou. »
« Eddie et moi nous sommes TENU LES MAINS en espérant s’en sortir, tandis que notre montgolfière s’approchait du sol BEAUCOUP TROP VITE »
Découvrir que l’actrice a effectué la majorité de ses cascades elle-même m’impressionne. En préparation du tournage elle a porté un câble de sécurité et s’est entraînée pendant des mois « avec un trapéziste, un acrobate, très Cirque du Soleil… J’ai adoré la liberté procurée. La possibilité d’être dans les airs m’a beaucoup plu. » Sa bravoure est encore plus remarquable : elle me raconte que le premier jour du tournage, elle et Eddie Redmayne ont eu un accident de montgolfière qui a failli leur être fatal. « On s’est approchés du sol beaucoup trop vite et on s’est tenu les mains en espérant s’en sortir », se souvient-elle en grimaçant. « Mon œil est passé à cinq centimètres de l’angle en métal de la nacelle en bois. En plus je portais un corset, et à ce moment-là j’ai vraiment cru que je m’étais brisé le dos car je ne pouvais plus bouger. »
Felicity Jones joue la comédie depuis ses 11 ans, et la femme de son agent avait coutume de la surnommer « petite guerrière ». Le courage est un fil rouge des rôles jalonnant sa carrière, surtout ces derniers temps : Jyn dans Rogue One : A Star Wars Story, Jane Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps, et Ruth Bader Ginsburg dans Une Femme d’Exception. « Visiblement je suis attirée par les personnages qui se battent pour une cause. Un schéma semble s’être installé. »
Felicity Jones est née il y a 36 ans à Birmingham, au Royaume-Uni, d’un père journaliste et d’une mère publicitaire qui ont divorcé lorsqu’elle avait trois ans. « Je suis très proche des deux. Je pense qu’avoir des parents séparés permet de développer une relation adulte avec chacun d’eux. On apprend à les connaître aussi bien d’un point de vue amical que parental. » Si sa carrière a été précoce, sa jeunesse fut tout à fait normale, ponctuée de vacances dans la campagne anglaise où elle grimpait aux arbres. Sa plus grande difficulté au lycée ? « J’avais de l’acné sur le front donc je portais un bonnet en laine en permanence. Et je me souviens de mes parents me demandant “Tu es sûre que tu veux porter ça ? Il fait vraiment chaud”. Je suppose que je trouvais ce style nineties et Kurt Cobain, mais à mon avis ce n’était pas le cas. » À voir le teint de porcelaine qu’elle arbore aujourd’hui, je lui réponds que sa confession apportera une lueur d’espoir aux adolescents criblés d’imperfections.
« On SOCIALISAIT beaucoup, ce qui est étonnamment chronophage quand on est ÉTUDIANT. On prenait le bus à Oxford en direction de LONDRES où on dansait toute la nuit à des raves parties drum and bass »
C’est à cette période rythmée par des soirées à Londres et des auditions qu’elle a rencontré Eddie Redmayne, même s’ils ne parviennent pas à se mettre d’accord sur l’occasion exacte. Ils avaient pour amie commune la dramaturge Polly Stenham, dont Felicity Jones a joué dans la remarquable première pièce de théâtre That Face, en 2008. « J’ai eu le sentiment de découvrir un nouveau territoire. Travailler avec une nouvelle écriture qui n’est pas embourbée dans des années et des années d’histoire du théâtre », dit-elle avec enthousiasme. « C’était frais, aventurier… Honnête et sincère à propos d’être dans cette situation dans une famille dysfonctionnelle. C’était très brut, sans filtre, et tout à fait représentatif d’un milieu social. » Aimerait-elle travailler à nouveau avec Polly Stenham ? « Tout à fait. Sans aucun doute. C’est toujours une question de timing. Toutes les bonnes conditions doivent être réunies. »
À 15 ans elle passe une audition pour incarner Emma Grundy dans le programme radiophonique à succès The Archers. Elle tiendra ce rôle dix ans durant, même pendant ses études à l’université d’Oxford. Quand je lui demande si elle était populaire dans le milieu de l’art dramatique à Oxford, elle semble légèrement atterrée. « Quand j’étais à l’université j’avais envie d’équilibre. Je suppose que je voulais être certaine que je n’étais pas seulement définie par la comédie, et que j’avais envie d’explorer d’autres domaines… Et en plus, je n’ai pas décroché beaucoup de rôles principaux ! » dit-elle en riant. « On socialisait beaucoup, ce qui est étonnamment chronophage quand on est étudiant. On prenait le bus à Oxford en direction de Londres où on dansait toute la nuit à des raves parties drum and bass. Ça ne me rajeunit pas ! Mais le drum and bass faisait un tabac ! »
« Je sens qu’il y a une bataille entre la fille PUNK et la fille sage qui sont en moi. Et tous les jours la fille SAGE doit être combattue. Il faut la DÉFIER »
Des conditions optimales pour Felicity Jones depuis That Face, avec des films comme Une Femme d’Exception et Une merveilleuse histoire du temps qui sont à la fois culturels et historiques. Qu’a-t-elle pensé de la responsabilité de brosser le portrait de femmes réelles, comme Jane Hawking et Ruth Bader Ginsburg, et dont les vies et les réputations sont toujours en cours ? « Eh bien, surtout en ce qui concerne Ruth Bader Ginsburg, qui a changé le cours de l’Histoire dans le domaine de la politique des genres, j’étais indéniablement intimidée de la rencontrer et de jouer son rôle… Il faut bâtir une confiance, et pendant ces quelques rendez-vous ensemble, obtenir en quelque sorte leur permission. C’est une chose invisible, juste le sentiment qu’elles savent qu’elles sont entre de bonnes mains et ne courent pas le risque d’être exploitées. » Elle marque une pause. « Mais d’un autre côté, quand on est actrice on n’a pas envie de trop penser aux responsabilités. Quand on rentre dans un rôle je crois qu’il faut y apporter un peu d’anarchie. » Est-ce son côté punk qui parle de nouveau ? « Je sens qu’il y a une bataille entre la fille punk et la fille sage qui sont en moi. Et tous les jours la fille sage doit être combattue. Il faut la défier », explique-t-elle en riant. « Parfois, en tant que femme, on est plus intéressante quand on est libre. »Malgré sa carrière formidable, sa relation aux affres de la célébrité reste ambivalente. « J’étais justement en train de rire avec Mary Greenwell, la maquilleuse, parce qu’on travaille ensemble depuis des années, et on se souvenait de combien j’étais pétrifiée sur les tapis rouges à mes débuts. Ça m’a pris littéralement des années pour m’autoriser à en profiter pleinement. » Un but qu’elle a réussi à atteindre grâce à son équipe, dont Mary Greenwell, son styliste Nicky Yates, et sa coach sportive personnelle Louisa Drake, qui a su lui donner confiance en elle dans ce milieu pas toujours très tendre. « Ça va sembler un peu cliché, mais il faut savoir bien s’entourer. »
Malgré son appréhension du regard des autres, Felicity Jones aime la mode, et se rappelle avec bonheur de la robe longue à sequins argentée Valentino (« un peu disco des années 70 ») qu’elle portait il y a peu à l’avant-première de The Aeronauts. Elle admire le travail de Maria Grazia Chiuri chez Dior, « Une femme qui trace son propre chemin ». Et c’est à son ami Erdem qu’elle avait confié la création de sa robe de mariée, une pièce couleur lilas à manches longues et à col haut qui n’est pas sans rappeler l’époque edwardienne. « Nous raffolons tous les deux des cols pâquerette. Et les créations d’Erdem dégagent toujours un esprit malicieux. »
« C’est merveilleux d’avoir de la STABILITÉ dans une profession aussi CHANGEANTE »
Cela fait deux ans que Felicity Jones a épousé Charles Guard, un réalisateur et producteur britannique rencontré dans un ascenseur à Hollywood « où nous avons réalisé que pendant des années nous avions probablement assisté aux mêmes soirées ». Qu’est-ce que ça fait d’être mariée ? « C’est une joie. C’est merveilleux d’avoir de la stabilité dans une profession aussi changeante. » Elle adore s’occuper de leur nid. « J’aime feuilleter les magazines de décoration d’intérieur, les coussins, les photos, et notre maison est remplie de livres et de bibelots. Impossible d’y résister. Dans ma version de la vie idéalisée, je suis très ordonnée et minimaliste, naturellement. Mais en réalité j’aime les babioles. »
De quelle façon Charles Guard et elle aiment-ils passer leurs journées de congés ? « Oh, justement ce matin on se disait que si on n’avait rien à faire on aimerait faire une longue promenade à Hampstead Heath… Une balade digne de ce nom, avec des bottes aux pieds, un déjeuner au pub puis un film au cinéma. J’ai très envie de voir Ad Astra ! » Et si son bien-aimé passait la chercher au studio de photographie où nous nous trouvons pour l’emmener en rendez-vous romantique, choisirait-elle un lieu luxueux comme l’hôtel Claridge, ou un pub sans prétention dans le quartier de Kentish Town ? « Un pub à Kentish Town ! » répond-elle en riant. « Sans hésitation. »
Pour finir, quels sont les challenges qui l’attendent cette année ? A-t-elle l’attention de passer derrière la caméra ? « Je pense que la réalisation est un art très particulier, mais je voudrais travailler sur mes propres projets. J’ai étudié l’anglais, et j’aime raconter des histoires. » Peut-être donner vie à ses héroïnes punk ? « Je lisais justement un article sur Debbie Harry. Je ne pense pas qu’il existe de film sur sa vie ? » Elle sourit. « Je pense que ce serait intéressant de jouer Hamlet, en tant que femme jeune. Oui, ce serait vraiment intéressant. »
The Aeronauts sortira le 20 décembre en France, et est déjà sur les écrans aux États-Unis.
LANCEZ LA VIDÉO
Felicity Jones se prête au jeu de la vérité avec le défi épicé « Etiquette Challenge » de PORTER. Comment gère-t-elle le fait d’avoir à regarder ses propres scènes intimes, surtout en présence de ses parents ? Quel est son secret pour surmonter une chute sur le tapis rouge ou faire face à un acteur à l’haleine douteuse ? L’heure est venue de découvrir ses réponses…
Felicity Jones n’est pas associée à NET-A-PORTER et n’en assure pas la promotion, ni celle des produits présentés.