Cover story

Sous le feu des projecteurs

Avec

Amandla Stenberg

Depuis son rôle dans Hunger Games, AMANDLA STENBERG a vu sa carrière prendre son envol. L’actrice discute avec MICHA FRAZER-CARROLL de sa façon de gérer ses angoisses, des causes qui lui tiennent à cœur et des changements provoqués par la pandémie. Fan de rap, envisagerait-elle une carrière dans la musique ?

Photographe Miranda BarnesRéalisation Karla Welch
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Cette photo : chemise et chaussures de Bottega Veneta ; brassière, Christopher John Rogers. Photo d’ouverture : boucles d’oreilles, Khiry

Dès mon premier échange avec Amandla Stenberg, j’ai l’impression de discuter avec une amie de longue date… J’en oublie presque qu’elle est l’une des jeunes voix fortes d’Hollywood. Notre conversation sur Zoom aborde aussi bien la critique de la génération Z par les médias que l’apparition de hiérarchies élitistes dans les soirées gay sur Zoom. Elle rit également beaucoup.

Cependant, elle prend un air sérieux en repensant à l’année 2020 et les difficultés qu’elle a entraînées. Cela fait maintenant deux ans qu’Amandla partage son temps entre New York, Los Angeles, Paris et Copenhague, trainant sa valise d’Airbnb en Airbnb… Avec l’arrivée de la pandémie, ce sentiment d’instabilité n’a fait que grandir. « J’oublie parfois les circonstances qui m’entourent : je me laisse gagner par le stress, l’angoisse, la paranoïa et la peur, avant de prendre du recul. »

Bien évidemment, tout n’est pas négatif. Loin d’elle l’idée de dramatiser son ressenti de la pandémie. Surtout que l’actrice, dont le père est danois, a passé trois mois à la campagne au Danemark. « J’ai apprécié la façon dont la vie a ralenti. J’ai ainsi pu réfléchir à la manière dont j’aborde le quotidien, ainsi qu’à mes priorités. »

Chemise, Tove ; culotte, A.L.C. ; ballerines, Khaite ; boucles d’oreilles, Khiry
Robe, Sindiso Khumalo ; col roulé, Helmut Lang ; boucles d’oreilles, Bottega Veneta
Robe-chemise, Wales Bonner ; ballerines, Khaite

La pandémie a donné à la jeune actrice le temps de faire une pause et de se pencher sur d’autres activités créatives. « J’ai vite réalisé que je m’imposais énormément de limites, surtout lorsqu’il s’agissait d’explorer mon côté artistique », me dit-elle. Pour elle, penser à ses choix de carrière a toujours été compliqué, surtout parce qu’elle a grandit dans une communauté d’acteurs à Los Angeles (sa mère était journaliste dans l’industrie) et a décroché son premier rôle à l’âge de 5 ans (dans une pub pour une poupée). « J’ai pu réfléchir à plusieurs choses : est-ce réellement ce que je veux faire ? Ai-je été influencée dans ma décision ? Le livre arbitre existe-t-il vraiment ? »

Parfois, elle dit avoir eu l’impression qu’une force extérieure la poussait vers l’avant. C’est pourquoi, lorsque ses projets de films tombent à l’eau en début d’année 2020, la jeune femme s’épanouit à travers d’autres activités, comme apprendre à se faire des tresses ou ressortir son violon. « J’ai commencé à réfléchir à toutes les choses pour lesquelles je me passionne et à la façon dont je me suis imposée moi-même des limites », explique-t-elle. « Beaucoup de ces restrictions sont probablement liées à mon sentiment d’être un imposteur. »

« La musique est ce que j’aime le plus au monde. » Amandla ne joue pas seulement du violon, elle aime également chanter et produire de la musique et malgré les quelques 30 démos à son actif, elle a du mal à partager sa passion. Elle n’a travaillé qu’avec des producteurs masculins et se souvient de moments créatifs où elle souhaitait essayer quelque chose de différent mais a ressenti un jugement de la part de ces hommes : « C’est un sentiment qui prend le contrôle sans que vous vous en rendiez compte ».

Veste, Maximilian Davis
Haut et pantalon de Miguelina ; chaussures, Gucci
Haut et jupe de Tove ; collier, Alighieri