Une nouvelle ère
Avec
Michelle Dockery

Plus connue sous le nom de Lady Mary, son personnage dans Downton Abbey, MICHELLE DOCKERY est capable de se glisser sans effort d’un univers aristocratique collet monté à l’environnement corrompu de The Gentlemen, le nouveau film de gangsters de Guy Ritchie. L’actrice britannique parle à LAURA CRAIK de ses origines modestes, des opportunités plus nombreuses pour les actrices d’aujourd’hui, et d’un rêve devenu réalité en tournant avec Guy Ritchie, Matthew McConaughey, Hugh Grant, et son idole Jeremy Strong.
Michelle Dockery est aux antipodes de son personnage de Lady Mary dans la série Downton Abbey. Vêtue d’un jean Totême, de baskets Adidas, et d’un pull à col roulé en cachemire noir, elle me réserve un accueil chaleureux. Elle est prompte au rire et aux effusions, contrairement à Lady Mary qui est froide et tout en retenue, et je note que son accent est similaire à celui de Victoria Beckham. « Ça peut en choquer certains lorsque je me mets à parler dans le film », s’amuse-t-elle.
« Le film » en question est The Gentlemen, une histoire de gangsters classique écrite et réalisée par Guy Ritchie, qui retourne ainsi au genre qui l’a rendu célèbre. « Charlie [Hunnam, l’un des partenaires à l’écran de Michelle Dockery] qualifie The Gentlemen de “Ritchie vintage”, et je trouve que c’est vrai », dit-elle à propos du réalisateur des cultes Arnaques, crimes et botanique et Snatch. « Mon rôle est celui de Rosalind, la femme de Mickey incarné par Matthew McConaughey », explique-t-elle. « Il possède des fermes de cannabis qu’il fait pousser sous des immeubles bourgeois, d’où le titre The Gentlemen. »
Des fermes de cannabis ? Qu’en penserait Charles Carson, le majordome de Downton Abbey ? Elle s’esclaffe. Cette série a raflé 15 Emmy awards, conquis 270 millions de téléspectateurs dans le monde entier, et animé 6 ans de la vie de Michelle Dockery, 38 ans. Un film éponyme a suivi en 2019, et The Gentleman représente aujourd’hui la façon idéale de clore ce chapitre. « Rosalind gère une concession automobile héritée de sa famille. C’est une dure à cuire de l’est londonien. J’ai grandi dans le comté de l’Essex, et ma famille est en partie originaire de l’est londonien, donc c’était super de découvrir ce milieu. »
« En général quand je JOUE, mon texte est prévu au mot près, mais sur ce film il était MALLÉABLE. C’était LIBÉRATEUR »
Le casting de The Gentlemen est exceptionnel : Michelle Dockery, Matthew McConaughey et Charlie Hunnam, mais aussi Hugh Grant (dans un rôle à contre-emploi de gangster à l’accent cockney), Colin Farrell, Henry Golding et Jeremy Strong (le Kendall Roy de la série HBO Succession que l’actrice adore). « Je pourrais parler de Succession pendant toute la durée de notre entretien », dit-elle en riant. « Cette série est incroyable, le meilleur programme diffusé à la télévision. Chacun des personnages est shakespearien. Travailler avec Jeremy m’a beaucoup plu. Nous n’avons eu qu’une seule scène ensemble, qui se déroule lors d’un dîner, et je n’aurais jamais imaginé son personnage de la façon dont il l’a joué. C’était un vrai plaisir de le regarder jouer. »
Collaborer avec Guy Ritchie, ainsi que des comédiens hilarants et principalement masculins, fut un rêve. « Dans une scène du film j’arrive à mon garage, et Guy a souhaité ajouter des dialogues au dernier moment. J’ai dû être alerte et improviser, et ça m’a plu. En général quand je joue, mon texte est prévu au mot près, mais sur ce film il était malléable. C’était libérateur. » Elle était également contente de pouvoir réfléchir au style du personnage de Rosalind avec le réalisateur. « Même si elle travaille dans un garage, elle porte une combi-pantalon Balmain magnifique, et la scène d’ouverture du film est hilarante car je marche avec des Louboutin. Rosalind s’est faite toute seule, elle profite de son mode de vie et de ses moyens financiers, mais elle veut continuer à travailler dur. C’est ce que j’aime chez ce personnage : son envie d’avoir toujours les mains dans le cambouis (littéralement). »
Michelle Dockery a été diplômée de la Guildhall School of Music & Drama à Londres en 2004, et est satisfaite de la qualité des rôles qu’on lui a proposés pendant sa carrière, sans ignorer le fait que dans le passé, les actrices déploraient la pénurie de personnages féminins consistants. « J’ai le sentiment d’être arrivée dans cette industrie à un moment où les choses commençaient à évoluer, notamment pour les femmes. C’est l’âge d’or de la télévision, où les réalisateurs ont le luxe d’écrire des scénarios de dix heures et plus besoin de se restreindre aux deux heures d’un film, ce qui permet d’explorer les personnages en profondeur. Aujourd’hui il est plus normal de commencer un rôle, de passer une audition, et de discuter avec les créateurs, si par exemple, à certains moments le personnage féminin n’est pas suffisamment impliqué, ce qui auparavant aurait été l’objet d’un conflit. »
A-t-elle envie de s’essayer à l’écriture ou à la réalisation ? Elle rit. « Je réfléchis à d’autres choses. Pour le moment je ne suis pas sûre de savoir quoi exactement… ». La lueur dans ses yeux suggère le contraire.
« Je suis INTROVERTIE… Mais j’aime sortir et DANSER. Tous les deux mois environ j’ai BESOIN de danser. »
Après six mois passés à Boston où elle tournait Defending Jacob, une mini-série relatant l’histoire d’une famille déchirée après la mort d’un garçon à l’école de leur fils (« ce n’est pas une comédie » précise-t-elle avec ironie), elle apprécie d’être de retour chez elle dans le nord de Londres, près de ses deux sœurs aînées. « Il fait bon être chez soi à cette période de l’année », dit-elle en savourant sa tasse de thé. « Je suis heureuse de retrouver mes amis et ma famille car je voyage beaucoup. Il n’y pas longtemps un ami de Los Angeles est venu me voir et nous sommes allés à l’exposition Antony Gormley qui est époustouflante. »
Peut-elle se promener à Londres anonymement ? « Oui, beaucoup plus qu’aux États-Unis. C’est dû à notre culture. Les britanniques sont trop froids pour vous aborder, mais les américains sont plus sûrs d’eux pour venir et dire quelque chose. Ça me surprend toujours, mais ça fluctue. Lorsque le film Downton Abbey est sorti ça a redoublé. »
Elle rit et explique qu’elle ne reconnaît jamais les fans de Downton Abbey. « Je suis montée dans un taxi et le chauffeur était un homme imposant à la Guy Ritchie. “Où allez-vous ?” Il s’est ensuite tu, puis m’a demandé “Vous allez bien ?”, ce à quoi j’ai répondu “Oui, oui” et lui ai raconté ma journée. À ce moment-là il m’a dit “C’est dommage ce qui est arrivé à votre sœur dans la saison 3” et j’ai éclaté de rire. Parfois les gens me surprennent vraiment. »
Se considère-t-elle plutôt introvertie ou extravertie ? « Je suis introvertie. » Mais pas casanière. « J’aime sortir et danser. Une soirée n’est pas réussie si je ne suis pas sur la piste de danse. Tous les deux mois environ j’ai besoin de danser. »
« J’aime les VÊTEMENTS mais je ne connais pas tous les CRÉATEURS. J’aime soutenir les jeunes TALENTS »
Son intérêt pour la mode est modéré. « J’aime les vêtements mais je ne connais pas tous les créateurs. J’aime soutenir les jeunes talents. » Contrairement à beaucoup, elle préfère les manteaux aux chaussures. Sa pièce préférée ? Une médaille de Saint Christophe offerte par sa mère. « Je l’emporte partout depuis 15 ou 20 ans. » Récemment elle a commencé à donner ses vieux vêtements à Smart Works, une œuvre de bienfaisance parrainée par Meghan Markle qui aide les femmes à retrouver du travail. « Ils ont tous mes jeans slim. »
Notre entretien touche à sa fin, et je lui pose mes dernières questions. Est-elle amoureuse en ce moment ? Elle rit et mime une fermeture Éclair sur sa bouche. Un sujet particulièrement sensible depuis le décès de son fiancé en 2015, un irlandais du nom de John Dineen. Au cours d’interviews précédentes, elle a déclaré se sentir veuve. On murmure qu’elle fréquente Jasper Waller-Bridge, le frère de Phoebe Waller-Bridge, créatrice des séries Fleabag et Killing Eve. Si la rumeur est fondée, peut-être la verrons-nous bientôt à l’affiche d’une comédie ? « Des projets sont sur le feu mais je ne peux rien divulguer. » Elle conclut d’un ton poli, similaire à celui de Lady Mary, « Merci beaucoup. Ce fut très agréable. »
The Gentlemen sortira en France en février 2020
LANCEZ LA VIDÉO
Michelle Dockery se prête au jeu des questions-réponses de PORTER. Admettra-t-elle avoir fait perdre la tête à Matthew McConaughey ? Qui, selon elle, mérite de recevoir une bouteille de champagne à Noël ? Et son admirateur secret devra-t-il vraiment boire ledit nectar dans sa chaussure ? Réponse dans la vidéo.
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