Cover story

Beauté à part

Avec

Diane Kruger

L’actrice Diane Kruger sur le cinéma, les relations et la mode

Un choix de films éclectiques, un style scruté et admiré – DIANE KRUGER fait ce qui lui plaît, en mode comme au cinéma. Elle parle à MARISA MELTZER de son côté solitaire, du dilemme qu’est le mariage et de son look, bien entendu.

Photographe Guy ArochRéalisation Catherine Newell-Hanson
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Diane Kruger arrive à notre rendez-vous au Bowery Hotel de New York plus tôt que prévu. « Être toujours à l’heure, c’est mon côté allemand, dit-elle en riant, posant un énorme sac Chanel à ses pieds. Elle est coiffée dans un style rétro hollywoodien, pull imprimé d’un tigre Gucci, jean foncé, perles d’époque aux oreilles dénichées aux puces… l’actrice, bien qu’immaculée, garde cette allure casual chic admirée de tous.

Le calme qui émane de Diane cache bien le bouleversement que son tout récent aménagement à New York a engendré. « J’ai encore des cartons à déballer et plein de choses à acheter pour la maison », dit-elle. Elle a passé les cinq dernières années entre Paris et Vancouver, où son compagnon, l’acteur Joshua Jackson, filmait une série télé. C’est les débuts de ce dernier dans une pièce jouée à Broadway qui ont été le déclencheur de cette nouvelle vie aux États-Unis. « Devoir prendre sur mon temps pour quelqu’un d’autre : bienvenue dans le monde adulte », confit-elle.

Bouger est un leitmotiv dans la vie de Diane. Née dans le village d’Algermissen en Allemagne, près d’Hanovre, où elle pratiquait la danse classique, elle remporte à 16 ans un concours organisé par l’agence de mannequins Elite et se retrouve à défiler pour Yves Saint Laurent, Chanel, Armani et bien d’autres. Parmi ses rencontres, Karl Lagerfeld qu’elle décrit comme « drôle et cynique, un homme incroyablement cultivé qui lit constamment et recommande toujours de très bons titres » et pour qui elle éprouve une grande amitié (ils se textent des photos de leurs chats tout le temps : Hobbes, celui de Diane, un chat de gouttière, et Choupette, celui de Karl qu’on ne présente plus). Mais le mannequinat n’a pas duré. « À 15 ans, on veut être regardée, on veut charmer, dit-elle, mais lorsque j’ai vu les mêmes tendances se répéter, je me suis dit “OK, il est temps de passer à autre chose” ».

Robe Erdem ; (main droite) bague personnelle sur cette page et les suivantes.
Robe Philosophy diLorenzo Serafini ; soutien-gorge Hanky Panky.
Robe Simone Rocha.

Diane se tourne alors vers la comédie et intègre le Cours Florent à Paris. Après quelques apparitions dans des films, elle décroche son premier grand rôle, celui d’Hélène dans Troy en 2004, pour lequel la rumeur voudrait que 3000 candidates se soient présentées au casting. Entre un film hollywoodien et des petites productions européennes, l’actrice, choisie par Quentin Tarantino pour son film Inglorious Bastards en 2009, est nominée au Screen Actors Guild Award pour son interprétation de l’agent double Bridget von Hammersmark.

Si le succès semble être venu facilement, Diane est loin de voir la chose ainsi. « Je suis une solitaire, lance-t-elle, et je pense que ça ne m’a pas aidée dans la vie. Je ne suis pas très à l’aise dans un groupe. Du coup, on me voit comme une personne froide et distante, alors que je ne sais juste pas faire semblant. Et dans ce milieu, il faut justement en faire des tonnes », dit-elle en riant.

Ce mois-ci, c’est dans le drame Maryland qu’on la retrouve, dans lequel elle incarne une épouse aisée qui engage un ancien militaire pour la protéger elle et sa fille. Travailler avec la réalisatrice belge Alice Winocour était un honneur, mais Maryland était aussi une opportunité incroyable, s’enthousiasme Diane, car « les films européens ont de vrais rôles pour les femmes, contrairement aux américains, dans lesquels la femme a toujours pour mission de valoriser l’acteur principal ».

Robe No.21 ; débardeur The Row ; bracelet jonc Maison Margiela.

Son prochain tournage la voit revenir en France pour un thriller aux côtés de Catherine Deneuve. « Je l’avais imaginée snob, la parisienne parfaite, et c’est tout le contraire, s’exclame-t-elle. La dernière fois que je l’ai vue, elle portait un manteau en fourrure, assise sur le capot de l’une des voitures qui nous attendaient dehors, une cigarette à une main et un verre de vin dans l’autre. Elle est tellement cool ».

À la veille de ses 40 ans, avec les années vient le temps de l’introspection pour Diane. « Je ne me suis jamais vraiment posée si ce n’est maintenant, toujours en quête du prochain grand rôle. À 30 ans, j’ai compris que c’était idiot ; j’avais une vie plutôt réussie : je parle trois langues, j’ai voyagé partout, ai bien gagné ma vie, et, pourtant, je ne savais pas grand-chose du monde qui m’entoure, et encore moins sur moi même ». Afin de mettre fin à ses angoisses, elle en a déduit qu’il fallait qu’elle cesse de croire que tout tourne autour d’elle. « Je ne suis pas toute seule ! », dit-elle.

Lorsqu’on aborde sa relation avec Joshua Jackson, Diane admet ne pas trop regarder la série The Affair : « Avec toutes les scènes de sexe, il ne préfère pas. Ça amènerait des conversations délicates ». Et le mariage, son « sempiternel dilemme », dans tout ça ? Pour l’instant, ils pensent davantage à se retrouver pour des bons moments ensemble, comme lors du festival de Coachella en Californie, où ils se rendent chaque année avec le créateur Jason Wu et quelques amis.

Robe Self Portrait.

Avoir pour amis des créateurs n’est pas surprenant dans le milieu, ni pour quelqu’un dont le nom apparaît toujours sur les listes des célébrités les mieux habillées. Son secret semble être de ne pas avoir peur du jugement. « Les gens se mettent une telle pression. Je n’ai peut-être pas cette peur car je viens de la mode, dit-elle. Et puis, si on n’aime pas ma jupe, on a qu’à regarder ailleurs. C’est tout ! ».

Si elle habite à New York pour l’instant, Diane a la bougeotte, et pense aussi à fonder une famille. « Je me sens très européenne et me suis toujours imaginée vieillir à Paris et y élever mes enfants un jour, confie-t-elle. Je ne me vois quand même pas passer toute ma vie à boire des cocktails au Château Marmont, non ? »

Quel que soit l’endroit où elle se trouve, l’actrice veut en profiter au maximum : « J’ai mis beaucoup de temps avant de réaliser que je n’aurai jamais un meilleur rôle à jouer que le mien ». Et elle a bien sûr raison.

Robe Tod’s ; débardeur The Row.

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