A star is born
Avec
Julia Garner

Connue pour ses rôles dans la série Netflix Ozark et le film The Assistant, l’actrice JULIA GARNER est au sommet de son art, et comme l’a découvert ERIN CUNNINGHAM, sa vie personnelle n’a rien d’ennuyeuse. Mais ne lui parlez pas de son discours de remerciement aux Emmy Awards…
Julia Garner essaye de se rappeler ce qui s’est précisément passé lorsqu’elle est montée sur scène pour recevoir l’Emmy Award de la Meilleure actrice dans un second rôle dans une série dramatique. Elle rencontre cependant quelques difficultés, elle a l’impression d’avoir fait un « black-out » à ce moment-là.
« Je ne me souviens de rien », déclare l’actrice de 26 ans, plus connue sous le nom de Ruth Langmore, personnage de la série Netflix à succès Ozark. « Lorsque je suis arrivée sur scène, j’ai pris la statuette, j’ai regardé partout autour et vu tellement de personnes. Je me suis vraiment demandé ce qui se passait. J’étais terrifiée. »
Bien que distraite par le public qui se tenait devant elle (« Michael Douglas et Catherine Zeta-Jones m’ont regardée dans les yeux, ça m’a complètement déstabilisée »), Julia a réussi à remercier Jason Bateman, son partenaire à l’écran, qu’elle a décrit comme « sa lumière depuis le début ». Elle a également rendu hommage au rôle ainsi qu’au chemin parcouru pour en arriver là. « Je me sens tellement chanceuse de faire ce métier », a-t-elle ajouté, tout en admettant qu’elle était nerveuse. Elle a, par la suite, été rassurée par la star de Fleabag (série britannique). « Phoebe Waller-Bridge a dit qu’elle avait adoré mon discours », dit-elle en riant et en se remémorant qu’elle avait commencé à parler de chocolat à un moment. « En coulisses, je lui ai dit que je l’aimais beaucoup et elle a répondu “J’ai adoré ton discours, très attachant.” Alors que pour moi, c’était une catastrophe. »
« Je suis encore remuée », dit-elle en évoquant le souvenir de cette nuit-là. « Pour être honnête, je n’arrive même pas à croire que j’ai été nominée. C’était vraiment effrayant et surréaliste. » Pourtant, si elle avait tenu compte des propos de son coéquipier, Julia n’aurait peut-être pas été aussi surprise.
« J’ai toujours aimé le cinéma. J’ai GRANDI en regardant la chaîne américaine Turner Classic Movies et j’ai toujours été FASCINÉE par Bette Davis, Vivien Leigh, Marlon Brando, Meryl Streep »
« Jason n’arrêtait pas de me dire que j’allais gagner, et je lui répondais “Non, non, non, non” », insiste-t-elle, reconnaissant que la surprise était en partie due au fait qu’elle avait évité de lire tout ce qui la concernait sur Internet, à part une ou deux critiques de temps en temps.
Elle ne se sentait peut-être pas prête pour ce moment précis, mais, en réalité, Julia se prépare à gagner depuis plus de dix ans. Née et élevée à New York de parents créatifs (sa mère, une ancienne comédienne devenue psychologue, était comme elle le décrit « sur la version israélienne du Saturday Night Live », son père était peintre et professeur d’art), elle pense donc que son choix de carrière est logique.
« J’ai toujours aimé le cinéma. J’ai grandi en regardant la chaîne de télévision américaine Turner Classic Movies et j’ai toujours été fascinée par ces acteurs : Bette Davis, Vivien Leigh, Marlon Brando, Meryl Streep. »
Sa mère l’a inscrite très tôt à des cours d’art dramatique pour l’aider à surmonter sa timidité. « J’aimais le sentiment de me perdre dans l’instant, de dire “coupez” et de revenir à la réalité. Je me demandais quelle était cette expérience hors du corps. »
« Je SAVAIS que Ruth était un personnage ATTACHANT, je m’en suis rendu compte à la lecture du scénario. Je savais qu’elle était FAITE POUR MOI »
Elle a débuté sa carrière à l’adolescence, mais n’a pas réussi à décrocher de rôle lors de sa première grande audition (un rôle principal dans la version américaine de Skins). L’expérience s’est tout de même avérée déterminante, puisqu’elle lui a permis de rencontrer la directrice de casting Susan Shopmaker. Quelques mois plus tard, cette dernière a fait appel à Julia, alors âgée de 16 ans, pour jouer dans le drame Martha Marcy May Marlene, aux côtés de Sarah Paulson et Elizabeth Olsen, sorti en 2011.
L’actrice pense que le succès qu’elle connaît depuis est dû à deux choses. D’une part, la philosophie selon laquelle il faut « travailler dur et se montrer gentille ».
« Je vois des acteurs qui sont de grands artistes, qui travaillent dur et qui sont bons dans leur domaine, mais pas plus. Puis, vous les rencontrez et vous vous rendez compte qu’ils ne sont pas non plus des personnes formidables. S’ils ne deviennent pas meilleurs que ça, c’est parce qu’ils manquent d’âme. Or, vous voulez forcément quelqu’un d’humain, vous comprenez ? »
D’autre part, elle estime qu’un acteur ne devrait pas se reposer sur un seul moment décisif de sa carrière, ou tout simplement se reposer sur ses lauriers s’il en a. « Nous avons besoin de différentes ouvertures, et d’en avoir continuellement. »
La série Ozark, dans laquelle elle joue aux côtes de Jason Bateman et Laura Linney, a été sa « première très grande ouverture ». « C’est ainsi que les gens ont fait ma connaissance. » Il se trouve que le rôle de Ruth n’était « pas censé être primordial dans la série ». Mais l’audace et la verve qu’elle a su apporter au personnage ont passionné le public et ont conduit au succès de l’actrice. Le journal New York Times a décrit Ruth comme « le cœur à la fois tendre et dur d’Ozark ». Une impression partagée par Julia et qui l’a séduite en premier lieu dans ce projet.
« Je ne pensais pas que la série allait rencontrer autant de succès », se souvient-elle. « Parce qu’il existe des séries avec des vedettes en tête d’affiche et derrière les caméras mais qui ne prennent pas auprès du public. Je ne m’attendais donc à rien. Mais je savais que Ruth était un personnage attachant, je m’en suis rendu compte à la lecture du scénario lors de mon audition. Je savais qu’elle était faite pour moi. »
« Dans la première saison, Ruth était une ENFANT à bien des égards. Maintenant, elle est devenue FEMME »
Avec la troisième saison débutant au printemps, Julia fusionne en quelque sorte avec son personnage, une criminelle vulgaire et rusée, depuis quatre ans maintenant. En réalité, elles ont grandi ensemble.
« Dans la première saison, Ruth était une enfant à bien des égards. Maintenant, elle est devenue femme. Je pense qu’elle est à l’âge où l’on passe du statut de jeune adulte à celui d’adulte (je me permets de dire ça parce que c’est le cas pour moi). C’est ce que les gens ne comprennent pas : à 20 ans, vous n’êtes pas un adulte, mais bien un enfant » rit-elle. « Je n’arrive pas à croire que la jeune femme de 26 ans que je suis dise qu’à 20 ans on est toujours un enfant. »
Son dernier projet cinématographique, The Assistant, est devenu l’un des premiers produits de l’ère #MeToo lors de sa sortie en 2019. Réalisé par Kitty Green, Julia y incarne Jane, l’assistante d’un cadre dans le domaine du divertissement (dont on suppose qu’il est inspiré d’Harvey Weinstein) et qui n’apparaît jamais à la caméra. Montrant principalement des expressions faciales et du langage corporel (les dialogues sont limités), le film met en évidence les multiples formes que peuvent prendre la manipulation et le comportement d’un prédateur.
« Tous les abus sont TERRIBLES. Ce qui est déchirant, c’est d’être MALTRAITÉ sans même le savoir. C’est très MANIPULATEUR »
« Tous les abus sont terribles », déclare Garner à propos des questions difficiles évoquées à l’écran. « Ce qui est déchirant, c’est d’être maltraité sans même le savoir. C’est très manipulateur. »
Heureusement, l’actrice n’a pas connu de tel comportement au sein de l’industrie. « Bien sûr que c’est inquiétant. Vous gardez toujours un œil ouvert en quelque sorte. Mais rien ne m’est jamais arrivé. Je connais des gens à qui c’est arrivé, ou qui travaillent dans des environnements abusifs. Et c’est bien cela le problème. Comme Kitty l’a souligné à de nombreuses reprises dans les journaux : si Harvey Weinstein était le seul problème, alors il serait résolu depuis longtemps. Or ce n’est pas le cas. Il s’agit des abus en général. Point final. »
Son éventail à l’écran est très large : elle joue la tristesse et le malaise aussi facilement qu’elle fait rire. Il lui manque encore les films d’époque, elle aimerait jouer dans une comédie romantique des années 90 (Quand Harry rencontre Sally est son film préféré). Mais ce n’est pas seulement sont travail qui est éclectique, son approche de la mode l’est également.
« J’ai toujours aimé la mode et les vêtements », dit-elle en repensant aux projets mode sur lesquels elle a travaillé. Au printemps-été 2016, elle fut l’égérie de Miu Miu (« Une campagne Miu Miu dirigée par Steven Meisel ? Je ne pouvais pas refuser »), et l’an dernier elle a tourné dans la campagne de Tim Walker pour Kate Spade.
Toutefois, elle affirme n’avoir jamais vraiment suivi les tendances. « Je porte seulement ce qui me met en valeur. Je pense que le plus important avec la mode, c’est d’être en confiance. Vous pouvez porter une pièce sublime mais si vous n’êtes pas à l’aise dedans, le rendu ne sera pas super. Au contraire, si vous vous sentez bien dans un sac plastique, vous serez belle ! »
De plus, elle figure dans le calendrier Pirelli (elle a été photographiée en 2019, aux côtés de Misty Copeland et Gigi Hadid). Elle a aussi participé au dernier défilé Balenciaga d’Alexander Wang, une expérience qu’elle a jugée « très drôle mais terrifiante à la fois. Je devais marcher si vite parce que le mannequin derrière moi marchait normalement et c’était comme si je courais. »
Ses choix stylistiques semblent refléter l’attitude qu’elle adopte pour sa carrière. « Je pense que l’art est plus intéressant s’il se contredit », dit-elle. « C’est exactement ce que j’essaye de faire avec mon jeu et avec la mode. » Cela prend également en compte la robe de mariée qu’elle avait choisi pour sa cérémonie hivernale.
« Je pense que L’ART est plus intéressant s’il se CONTREDIT. C’est exactement ce que j’essaye de faire avec MON JEU et avec la mode »
En décembre dernier, elle a épousé Mark Foster, leader du groupe musical Foster the People. Elle portait une robe en dentelle blanche à manches courtes et col montant signée de la créatrice new-yorkaise, Danielle Frankel, sous un châle en fourrure.
Le couple s’est rencontré sept auparavant au Festival du film de Sundance. Ils sont devenus amis avant de commencer à se fréquenter en 2017. Six mois plus tard, Mark a fait faire une bague et l’a demandée en mariage au bout de dix mois. Leur mariage, qui a eu lieu juste avant le nouvel an à l’Hôtel PUBLIC de New York, a été la parfaite conclusion d’une année très riche pour Julia.
« J’étais fiancée aux Emmys et mariée en décembre », dit-elle à propos de ces deux moments forts de 2019. « Recevoir un Emmy était en fait beaucoup plus surprenant. Je savais que j’allais épouser Mark, je ne savais juste pas qu’il allait faire sa demande ce jour-là. »
« C’est drôle, les gens me demandent toujours ce qui est le plus important : un Emmy ou un mari ? Et j’estime que les deux le sont mais de manières très différentes. »
The Assistant sortira dans le courant de cette année.