Oiseau de nuit

Le mannequin néerlandais Anna de Rijk, 30 ans, a débuté sa carrière à l’âge de 16 ans, et à 20 ans elle défilait déjà pour Chanel et posait pour des campagnes de maisons de renom comme Dior et Prada. Après avoir marqué une pause et s’être consacrée à l’art et au design, elle fait un retour fracassant. Elle présente ici les plus belles pièces festives de la saison.

J’AI ÉTÉ REPÉRÉE LORS D’UNE SOIRÉE DE NOËL. Je me trouvais à une fête organisée par l’un de mes voisins et j’y ai fait la connaissance d’un photographe qui m’a suggéré de me lancer dans le mannequinat. Une coïncidence, car j’y songeais depuis des mois. Quand j’étais petite je posais déjà pour ma mère qui tenait une rubrique dans un magazine de vêtements pour enfants. Je recevais des bons pour m’acheter des livres donc j’ai toujours su en quelque sorte qu’il s’agissait d’un emploi viable, mais j’ai décidé de ne faire des photos pour un supermarché que de temps à autre. Mon expérience était limitée mais me permettait d’être à l’aise devant l’objectif. La création d’images est un travail collectif, et en tant que top il faut savoir utiliser son visage et son corps, et savoir quelle humeur apporter. L’un de mes premiers jobs fut pour une campagne Adidas à New York. J’avais seulement 16 ans et je n’avais même pas de passeport à l’époque.

JE SUIS HEUREUSE D’AVOIR PRIS LA DÉCISION DE FAIRE UN BREAK. J’ai mis le mannequinat entre parenthèses pendant trois ans et j’ai étudié dans une école d’art à Gand, en Belgique. Comme j’avais déjà vécu à Paris et à New York, l’idée de tout recommencer en Belgique était intimidante, mais ça m’a fait du bien de rencontrer des gens complètement différents et qui pensent différemment. J’ai eu le sentiment de m’être lancée dans une carrière juste après l’école et je n’étais plus sûre de vouloir y consacrer le reste de ma vie. J’avais besoin d’entreprendre quelque chose pour moi-même et de trouver ma propre voie. J’y suis finalement retournée. C’est formidable de voir la diversité actuelle de genres et de couleurs.

J’AI RÉALISÉ UN RÊVE EN CONSTRUISANT MA PROPRE MAISON À AMSTERDAM. Plus jeune je rêvais de créer ma propre demeure et je continue de rêver à des espaces et à des maisons. L’ennui, c’est que mon petit ami a construit les marches lui-même et est toujours terrifié à l’idée qu’elles s’écroulent ! Quand on est mannequin on séjourne beaucoup à l’hôtel, on porte des vêtements et des maquillages différents chaque jour, et on change constamment d’identité. Ce processus de création m’a permis de savoir qui je suis et ce que j’attends d’une maison. Le logement et le studio de l’artiste Donald Judd m’ont beaucoup inspirée, même si ma maison n’a en fait rien en commun. J’ai incorporé beaucoup de murs fluides et de détails au design final, que j’ai puisés dans l’œuvre de l’artiste Hilma af Klint. Bien sûr elle ne plaît pas à tout le monde, mais moi je l’adore.

MON PETIT AMI ET MOI-MÊME PROJETONS D’ORGANISER UNE SOIRÉE DIFFÉRENTE pendant les fêtes de fin d’année. Exposer des œuvres d’art et inviter nos amis musiciens à jouer pour nos convives. Même quand je vivais à New York où la vie nocturne est très riche, je préférais les soirées en appartement. C’est sûrement dû à l’intimité. J’organise souvent des dîners et nous finissons par danser. La cuisine est au cœur de notre maison, j’aime cuisiner pour les gens.

MES MEILLEURES SOIRÉES RÉCENTES ÉTAIENT DES MARIAGES. Je viens d’avoir trente ans et j’ai l’impression que tous mes amis se marient. Je ne suis pas certaine de souhaiter la même chose mais ça m’a fait réaliser que j’adore assister à des mariages. Ils sont empreints de ce sentiment d’amour partagé et tout le monde est submergé par l’émotion. Les convives se dédient entièrement à cette célébration et vivent l’instant présente, notamment lorsque la cérémonie se déroule à l’étranger.